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mardi, novembre 26, 2024
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Rio Tinto QMM : 100 millions de dollars de contributions sociales sur 25 ans.

Gagnant-gagnant. Le partenariat entre l’Etat malgache et Rio Tinto QMM sur l’exploitation de l’ilménite de Tolagnaro passe à une nouvelle étape avec un nouvel accord qui a été ratifié en août 2023. Entre autres les engagements de Rio Tinto dans ce nouvel accord dont les retombées économiques sont énormes : des investissements sociaux qui se chiffrent à 100 millions de dollars sur les 25 années à venir. David-Alexandre Tremblay, le directeur exécutif de Rio Tinto nous en parle dans une interview.

Des installations de Rio Tinto QMM à Fort-Dauphin

Qu’en est-il exactement du récent accord avec l’Etat malgache ?

Je commencerai par un petit historique. Afin de pouvoir développer l’exploitation de l’ilménite à Taolagnaro, une Convention d’établissement a été conclue en 1998 entre l’Etat malgache et Rio Tinto. Cette convention, ratifiée par l’Assemblée nationale malgache, fixe l’ensemble des règles légales applicables à QMM, y compris en matière fiscale et douanière. Elle prévoyait que le régime fiscal devait être rediscuté après 25 ans, ce qui nous emmenait à février 2023. Après de longs échanges fructueux et ouverts avec le gouvernement de Madagascar, un nouvel accord a été signé le 22 août 2023, ratifié par le Parlement et promulgué conformément à la loi. Ce nouvel accord comprend plusieurs points majeurs qui améliorent les retombées pour Madagascar tout en préservant la viabilité de QMM sur le long terme.

D’abord, la hausse de la redevance à 2,5% et ensuite la modification de la politique de dividendes qui permet au gouvernement de Madagascar, et par extension, au peuple malgache, d’obtenir ces retombées financières dès maintenant. Le gouvernement s’est engagé à investir un montant égal à ce premier dividende (12 millions de dollars américains) dans le projet de réhabilitation de 109 km de la RN13. Rio Tinto participera également à ce projet à hauteur de 8 millions de dollars US selon des jalons et des délais prédéfinis.

Cet investissement s’aligne avec le besoin de désenclaver Fort-Dauphin et stimuler son développement économique, incluant les activités portuaires. Nous nous sommes également engagés à effacer 77 millions de dollars d’avances faites au nom de l’État lors des recapitalisations. Un autre point important porte sur notre engagement à doubler nos contributions sociales volontaires à hauteur de 4 millions de dollars par an : ce sont plus de 100 millions de dollars sur les 25 prochaines années en faveur des communautés locales et de la région Anosy. L’accord comprend également des investissements majeurs en matière de reforestation, de protection de la biodiversité et de transition énergétique.

Cela a mis du temps à se conclure, pourquoi ?

Les deux parties ont voulu explorer toutes les voies pour un partenariat gagnant-gagnant. Le gouvernement de Madagascar a légitimement souhaité accroître les retombées économiques et sociales de cette exploitation. De notre côté, compte tenu de la nature de nos opérations et de notre investissement, nous avions besoin d’un cadre qui nous permette d’opérer de manière stable et prévisible. Aujourd’hui, nous reconnaissons que cet accord apporte des conditions favorables que nous puissions envisager les investissements que nous avons prévus aussi bien dans l’exploitation elle-même, que pour nos contributions dans le développement économique et social de la région. Je crois que l’objectif d’un partenariat gagnant-gagnant a été atteint de part et d’autre, et nous en sommes reconnaissants.

Le port d’Ehoala

L’Etat vous devait 77 millions USD, une dette à la place des dividendes ?

 Rio Tinto a accepté d’annuler 77 millions de dollars d’avances faites au gouvernement de Madagascar pour soutenir le financement de QMM. L’État détiendra désormais 15% de portage gratuit de QMM et conservera son droit de vote de 20%, sans obligation de contribution au capital ni exposition à la dilution.

Rio Tinto QMM parle beaucoup de mines durables, qu’en est-il exactement?

Le groupe mondial RioTinto cherche à fournir les matériaux dont le monde a besoin de manière durable et responsable. Notre stratégie repose sur une vision, celle de laisser aux générations actuelles et futures un héritage durable bâti de manière indépendante de la mine. Cette démarche comprend trois piliers : la décarbonation, la minimisation de notre impact sur l’environnement, et le développement des communautés.

Pour la décarbonation, nous visons à atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire que notre bilan de gaz à effet de serre doit être égal à zéro en minimisant leur génération et en compensant le reste par l’absorption des gaz à effet de serre via des projets de conservation de l’environnement. Nous minimisons aussi notre impact sur l’environnement et nous travaillons, par exemple, à mieux comprendre et réduire l’impact de nos opérations sur le milieu environnant.

Enfin, et non des moindres, pour le développement des communautés, notre objectif est d’apporter une valeur durable à la fois à notre entreprise et aux communautés d’accueil, en soutenant les plans de développement régionaux et locaux et en investissant dans des initiatives de développement économique et régional en synergie avec d’autres partenaires pour parvenir à une croissance durable et indépendante de la mine.

La décarbonation, c’est souvent perçu comme rien que du slogan…

C’est pourtant une touche qui singularise bien le groupe Rio Tinto dans le monde. Alors, nous avons développé un ambitieux programme d’énergies renouvelables et en 2023,14 000 panneaux solaires sont installés et fonctionnent maintenant tandis que 19 éoliennes sont en cours d’installation. Il y a aussi notre programme de reforestation et de protection des forêts primaires. 691 ha de forêts ont été réhabilités depuis 2010, 2 136 ha sont reboisés en dehors du site minier, 100 hectares de mangroves sont plantés à Petriky et 100 hectares d’espèces indigènes dans le sud de la zone protégée de Tsitongambarika.

Nous avons aussi créé trois zones protégées, 430 ha à Mandena, 1 365 ha à Ambatoatsinanana à Sainte Luce et 300 ha à Petriky. Nous sommes une des premières compagnies minières au monde à avoir mis en place une aire protégée au sein de son périmètre minier.

Enfin, nous finançons la préservation de plus de 6 000 hectares de zones de conservation, notamment 2 500 ha à Mahabo Analazaha à 300 km au nord de Taolagnaro et 4 000 hectares Bemangidy–Tsitongambarika à 70 km de Taolagnaro.

Mais la pollution de l’eau est très décriée…

QMM opère dans un milieu complexe. Nous comprenons l’importance de rétablir la confiance avec les communautés et d’accroître la transparence autour de nos opérations.

Il est très peu connu mais l’ensemble de notre procédé d’extraction n’utilise pas de produits chimiques. Ces dernières années, nous avons déployé beaucoup d’efforts pour répondre à ces préoccupations. Par exemple, nous avons mené et publié les résultats d’une étude complète et indépendante sur la radiation qui confirme que nos opérations sont sécuritaires sur ce point. Nous avons également développé une stratégie de gestion de l’eau afin d’améliorer notre performance. En ce sens, nous avons investi 13 millions de dollars pour la construction d’une usine de traitement des eaux de procédé innovateur.

Nous engageons également le dialogue avec nos communautés pour gérer et effectuer un suivi de l’eau dans notre environnement de manière collaborative et

enfin de partager les informations sur nos pratiques et notre performance en matière de gestion de l’eau. D’ailleurs, notre premier rapport sur l’eau couvrant 2021 à 2023 a été publié en décembre dernier.

David-Alexandre Tremblay : Directeur exécutif de Rio Tinto QMM

La communauté semble insatisfaite de vos contributions, avez-vous prévu une action à cet effet ?

Nous en sommes conscients. C’est la raison pour laquelle nous avons doublé nos contributions sociales volontaires annuelles dans l’accord conclu avec l’Etat. Soit, encore une fois, 4 millions de dollars par an sur les 25 prochaines années. Ils seront consacrés à des projets communautaires et régionaux élaborés de manière conjointe avec les communautés. Dans le passé récent, nous avons contribué à hauteur de 2 millions de dollars aux urgences dans le Sud, nous avons octroyé 220 bourses d’études pour les élèves à Taolagnaro dans le cadre du programme RISE+. Nous aidons les communautés dans des projets AGR tels la pisciculture, les projets mangroves à Petriky, et les trois nouvelles aires protégées par une gestion durable de ces ressources.

Je dois aussi mentionner qu’avec la nouvelle centrale solaire et éolienne, nous serons en mesure de fournir une énergie plus propre et renouvelable à près de 80 000 habitants de Fort-Dauphin et des alentours. Il s’agit d’une contribution qui nous tient particulièrement à cœur.

Les projets d’électricité solaire et éolienne, que peut-on en attendre ?

C’est le fruit d’un partenariat réussi avec le gouvernement de Madagascar. Il s’agit ici du plus grand parc solaire dans le Sud et du premier parc éolien de la Grande île.

Nous avons mis en service en 2023 une centrale solaire de 8 MW et elle connaitra bientôt une extension de 6.3 MW avec l’addition d’une seconde batterie d’une capacité de 8.25MWh. La construction de 19 turbines éoliennes, chacune d’une puissance produite de 16 MWc, a déjà commencé. Tous ces engagements font partie des efforts déployés par Rio Tinto pour réduire les émissions de carbone dans l’ensemble de ses activités au niveau mondial.

On dit que 2024 sera difficile pour l’industrie, est-ce également le cas pour QMM ?

C’est vrai. Vous savez que notre produit principal est l’ilménite, qui sert principalement à produire le pigment blanc utilisé dans l’industrie de la peinture. À cause des récentes crises internationales, la consommation mondiale de peinture a diminué, des usines de fabrication de ce produit ferment alors que l’offre mondiale d’ilménite demeure soutenue. Espérons que la reprise sera au rendez-vous en 2025.

Comment allez-vous faire face à ce marché morose?

Il n’y a pas de solution magique vous savez, il faut maximiser la productivité et produire « la tonne au meilleur prix ». C’est une question d’optimisation de notre manière de travailler, avec une maîtrise des coûts d’exploitation les plus lourds et la gestion optimale des contrats de fournitures de biens et de services.

Au final, nous sommes confiants que c’est en équipe, avec nos employés, contractants et parties prenantes que nous allons traverser cette période difficile.

M. Tremblay, parlez-nous de votre expérience à Madagascar.

C’est la plus belle aventure professionnelle et personnelle que j’ai vécue. Ce pays a beaucoup de potentiel et les Malgaches méritent que le secteur privé, les sociétés civiles et le secteur public travaillent main dans la main, avec eux, pour développer Madagascar, de manière responsable et durable. Enfin, je ne crois pas qu’il existe de plus bel endroit au monde que Fort-Dauphin pour diriger une opération minière de cette envergure !

Propos recueillis par R.Edmond

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