Le 13 mai reste dans l’inconscient collectif, une date mythique, mais 49 ans après, on a l’impression que son souvenir s’est complètement estompé. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et les préoccupations actuelles ne permettent pas de célébrer cette première grande manifestation populaire. Aujourd’hui, c’est la lutte contre la Covid -19 qui se trouve au premier plan et qui requiert la mobilisation de toutes les énergies. Les acteurs encore vivants de ce mouvement ne se comptent plus que sur les doigts de deux mains et dans les circonstances actuelles, ils préfèrent parler de la situation de leurs compatriotes luttant pour leur survie, que ce soit à propos de cette épidémie meurtrière ou de cette famine qui sévit dans le Sud de Madagascar.
13 mai 1972 : des souvenirs qui s’estompent
Pour la génération actuelle, le 13 mai 1972 est une date qui n’éveille aucun écho. Et pourtant, il s’agit du début d’un bouleversement de l’histoire de la Grande île. Madagascar semblait vivre dans la quiétude, mais le malaise existait pourtant et il s’est traduit par cette réaction violente de la jeunesse de l’époque. Le gouvernement du président Philibert Tsiranana n’en avait pas mesuré l’ampleur et il a été pris de court par la violence des événements. Le pays entrera par la suite dans un cycle de crises dont on mesure aujourd’hui les conséquences. On en vient donc à se poser cette question : comment en est-on arrivé là ? Madagascar, au début de cette troisième décade du 21ème siècle, est en train de traverser une de ses plus graves crises. L’ennemi qu’il faut affronter est dangereux et il doit être combattu avec toute l’énergie dont on dispose. L’esprit qui animait les jeunes de 1972 se retrouve peut-être sous une autre forme aujourd’hui. Il est certainement présent chez les personnes qui participent à la lutte contre la Covid-19. On est tenté de dire : les temps ont changé, mais la bataille à mener pour le bien du pays est toujours aussi vivace.
Patrice RABE
