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dimanche, décembre 22, 2024
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1960-1991 : Entre deux crises, Le Nord se crispe

Diego-Suarez, la ville créée par les Français. Une base navale, un forteresse qu’ils ont édifiée pour protéger leurs intérêts dans l’Océan Indien. Mais au fil du temps, la ville revêt deux visages. D’une part, le nationalisme implanté par la fin du XIX. siècle, accentué par le passage de Ralaimongo, et les collabos des colons qui influencent la population en utilisant la tradition antakarana puisque les majorités sont des nobles.

Dès lors, un équilibre de force se constate dans la ville du Pain de sucre entre 1920 et 1946. Diego-Suarez connaît une ambiance politique suivant les rythmes des élections. Cependant, le rattachement administratif avec la province de Majunga éclipse les notables. Après les résultats des élections de 1946 auxquelles les candidats originaires de la ville récoltent de maigres pourcentages, l’avènement de mars 1947, les roitelets et les ampanjaka du Nord de la Grande-Île lancent une requête à l’administration coloniale. Dès 1951, ils voulaient se détacher de la province de Majunga. La demande était pourtant refusée par l’autorité coloniale. Néanmoins, celle-ci effectue une analyse afin de trouver les avantages. Alors, il a fallu attendre le 11 novembre 1956 pour que la province Antsiranana soit créée. Les élites locales décident désormais du sort de leur localité. Si Madagascar était dans une période de la marche vers l’Indépendance, la province de Diego était une étape, selon les analystes. Cela marque un événement majeur de l’histoire du pays, en général, et celle de la contrée, en particulier. Cette jeune province est constituée d’origines et nationalités différentes. Les natifs sont en infériorité numérique par rapport aux migrants. Ces derniers deviennent des leaders et s’identifient comme fils de la région. D’où vient l’adage Diego tsisy tompony, littéralement Diego n’appartient à personne. La mixité culturelle forge une conscience commune. Antakarana, Antaimoro, Betsileo, Merina, Tandroy trouvent un point de jonction avec les Djiboutiens, Comoriens, Yéménites, Réunionnais. Ils partagent les outils mécaniques lors de la DCAN, ils travaillent dans un même champ de canne à sucre de SOSUMAV, assoient sur le même banc de l’école régionale d’Analalava. Et quelque soit leur couleur politique, ils avaient le même objectif, hisser haut le fanion de la jeune province. De ce point de vue, une identité se construit, d’autant plus que Antsiranana est éloigné du reste de la Grande-Ile. Fief de l’anticolonialiste depuis les années 20, la grande ville du Nord abritait une braise idéologique que le colonisateur doit éteindre. Une fois indépendants, les élites de la jeune province semblent avoir le sentiment du devoir accompli. Mais la crise de 1972 et de 1991 engendre également une remise en question de la part des élites politiques. La nouvelle génération remet en cause la décision de Tananarive, centre de gravité politique du pays. La chute de Philibert Tsiranana en 1972 fait naître une ambition chez les leaders côtiers en général. « La capitale a pris une décision sans aviser ses concitoyens». Spectatrices impuissantes, les élites côtières perdent leur notoriété. Par conséquent, elles doivent suivre le courant généré par leur homologues des hautes terres Centrales. Depuis, Antsiranana fait preuve d’allégeance envers Iarivo. En outre, les politiciens des années 1920-1950 vieillissent, les cadets prennent le relais sans être adoubé par les premiers. Subissant une pression d’Antananarivo, ces jeunes politiciens ne savent que faire. Ils reprochent à leurs zoky de ne pas leur avoir tendu la main. À la centralisation politique, s’ajoute le déclenchement de la guerre générationnelle. Depuis les vestes se retournent, une tendance qui perdure jusqu’à nos jours. Ils sillonnent les partis politiques, la flamme de la régionaliste s’éteint, la Deuxième République de Didier Ignace Ratsiraka a adouci l’attitude des leaders diegolais. Ils sont obligés d’emboiter les pas du leader Socialiste puisque celui-ci maintient le pouvoir avec une main de fer. Autrement dit, la Grande-Île se transforme en laboratoire politique où l’expérience provoque une effervescence des élites formées par les pays de l’Est. Dorénavant, les élites côtières sont formées par l’idéologie communisante. Elles sont reconnaissantes. En somme, la région septentrionale a suivi des cadences politiques différentes entre 1960 et 1991. Les deux crises en espace de trois décennies ont changé le cours des choses sur différents domaines.

Iss Heridiny

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