Inquiétant. Le rapport d’activités au titre de l’année 2022 publié officiellement par le SAMIFIN hier lors d’une cérémonie qui s’est déroulée dans ses locaux à Ambohijanaka est loin d’être rassurant.
D’après ce rapport, le SAMIFIN, le service de renseignement financier en charge de la lutte contre le blanchiment des capitaux a enregistré, l’année dernière, 2 390 milliards d’ariary de flux financiers illicites.
Top 5
En termes plus clairs, le blanchiment de capitaux est en passe de prendre une proportion inquiétante puisque durant l’année écoulée, ces 2 390 milliards d’ariary de fonds ont été transférés, reçus ou utilisés de façon illégale au-delà de la frontière. Pire, sur le plan international et régional Madagascar figure parmi les pays à très haut risque de blanchiment. En effet, la Grande île est dans le top 5 des pays les plus exposés au blanchiment des capitaux. Sur les 128 pays notés, Madagascar est à la 5ème place avec un score de 7.59 sur 10. Sur le continent africain, Madagascar est classé 3ème sur 26. Un score qui ne fait pas honneur quand on sait que la plus mauvaise est de 8 sur 10, la moyenne mondiale est de 5.25 sur 10, et la moyenne africaine de 6.58 sur 10. En somme, et pour reprendre les termes du DG du SAMIFIN, Mamitiana Rajaonarison Madagascar figure parmi les pays qui intéresse les « blanchisseurs ». Cette position de Madagascar confirme, en tout cas, le fait que même s’il n’épargne aucun pays au monde, ce fléau que sont les flux financiers illicites, est plus lourdement ressenti dans les pays pauvres. En effet, le propre des flux financiers illicites est que ce sont des fonds ou des richesses qui sont transférés à l’étranger alors qu’ils auraient pu être investis localement. Non seulement les flux financiers illicites grèvent les recettes publiques déjà faibles, mais ils sont aussi les signes extérieurs d’une corruption en haute sphère, dans les institutions étatiques.
Liste grise
Et c’est justement l’une des raisons d’être du Samifin dont l’une des missions est de réduire les risques de blanchiment et de contribuer ainsi au renforcement des recettes publiques. « Si les 30% de ces suspicions sont confirmées, poursuivies et recouvrées, le renseignement financier produit par le SAMIFIN en 2022 rapporterait 717 milliards d’ariary dans les caisses de l’Etat », indique notamment le rapport d’activités 2022 du SAMIFIN. Ce service financier mérite ainsi d’être appuyé dans ses activités. Parmi ces activités figurent les recherches de renseignement au niveau international pour identifier et localiser les acteurs des avoirs illicites. Sur ce point d’ailleurs le SAMIFIN est en plein processus d’intégration dans le groupe Egmont. Une adhésion qui s’avère indispensable quand on sait que ce groupe international constitué de Cellules de Renseignements Financiers (CRF) a le mérite de faciliter la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. L’appui au SAMIFIN est d’autant plus indispensable puisque si la situation de Madagascar ne s’améliore pas, il y a un réel risque de tomber dans la liste grise de l’Union européenne dont les impacts économiques sont incalculables. En effet, si un pays est dans cette liste, il sera placé sous haute surveillance et risque d’être déserté par les investisseurs européens. Et pour éviter justement de tomber dans cette situation inconfortable, le SAMIFIN entend mener à bien cette année son plan de mise en conformité aux normes du Groupe d’Action Financière. « L’objectif est d’améliorer le score de Madagascar et ce sera fait », a rassuré le DG du SAMIFIN.
R.Edmond
Blanchissement, détournement sont les spécialités des malgasches.
une tradition de se remplir les poches , ,vite publier des noms