
Le président de la République ne s’oppose pas au retour de l’ancien président. L’opportunité de ce retour continue cependant de diviser.
L’ancienne Première Dame est rentrée au pays dans la discrétion totale. Ni les membres de sa famille politique, ni la presse n’ont été au courant de ce retour qui intervient au moment où le retour au pays des exilés politiques dont son mari Marc Ravalomanana est plus que jamais d’actualité. Pour bon nombre d’observateurs, le retour au pays de Lalao Ravalomanana s’inscrit dans le cadre des préparatifs des prochaines élections communales. D’ailleurs, elle est jusqu’ici le grand favori de la Mouvance Ravalomanana aux Municipales dans la Capitale. Hier, le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation Mahafaly Solonandrasana Olivier a déclaré que l’élection des maires aura lieu cette année et que le gouvernement n’attend que l’adoption (aujourd’hui ?) du projet de loi organique sur la Décentralisation à l’Assemblée Nationale. Reste à savoir si avec ce projet de texte qui prévoit le saucissonnage d’Antanananarivo-Renivohitra, l’épouse de l’ancien président sera candidate à une mairie d’arrondissement de la Capitale ou si elle se lancera dans la course à l’élection du président de la Communauté d’Antananarivo-Renivohitra.
Victoria Falls. Mais, avec les déclarations faites par le président de la République Hery Rajaonarimampianina devant les chefs d’Etat et du Gouvernement de la SADC à Victoria Falls (NDLR : la Présidence aurait démenti hier tard dans la soirée l’information selon laquelle le président Hery Rajaonarimampianina a évoqué à Victoria Falls le retour des exilés politiques dont Marc Ravalomanana), la première mission de Lalao Ravalomanana consisterait à préparer le retour de son mari. En tout cas d’après la résolution de Victoria Falls, le Sommet de la SADC « a réaffirmé son engagement à soutenir le pays dans le cadre des processus de dialogue et de réconciliation et de reconstruction nationale. » Le Sommet « a également appelé la communauté internationale à soutenir le processus de développement engagé par Madagascar et a exhorté l’ensemble des acteurs malgaches d’adhérer à la feuille de route de la SADC et d’assurer sa mise en œuvre intégrale. » Une manière pour les chefs d’Etat de la SADC de remettre sur le tapis l’application de l’article 20 de cette feuille de route.
Remobilisation. Sur un autre plan politique, son retour au pays permettra à Lalao Ravalomanana de remobiliser sa famille politique après une « période de crise » qu’elle a traversée. Période de crise pendant laquelle les dirigeants de la Mouvance Ravalomanana et du TIM s’entredéchiraient. Si Lalao Ravalomanana est un vrai « raiamandreny », elle ne devrait pas rester les bras croisés devant la guerre de leadership qui affaiblit son camp. A rappeler que l’ancienne Première Dame a quitté Madagascar au moment où le processus de réconciliation et de rassemblement au sein du TIM était confronté au rejet de certaines têtes pensantes de ce parti. Lalao Ravalomanana était partie sans pouvoir remettre autour d’une table les Rajemison Rakotomaharo, Mahafaritsy Samuel Razakanirina, Botozaza Pierrot, Emile Ratefinanahary, Hanitra Razafimanantsoa, Hery Raharisaina… En tout cas, force est de constater que la présence au pays de Lalao Ravalomanana coupe court aux ambitions de certains leaders du TIM qui envisagent de se porter candidats aux mairies de la Capitale.
R. Eugène