
Selon les statistiques du 30 juin 2017, la prison d’Antanimora comptait 1 649 prévenus pour 3 297 détenus. Un exemple type de la surpopulation carcérale qui est endémique à Madagascar.
La surpopulation carcérale à Madagascar tient son origine, en partie, du phénomène de détention préventive abusive. Récurrent au pays, ledit phénomène « impacte sur les conditions de détention des prévenus ». Entre autres, « l’incapacité pour l’administration pénitentiaire d’assurer les besoins alimentaires des détenus » comme l’a fait savoir maître Maria Raharinarivonirina, présidente d’ACAT Madagascar. Cette dernière d’ajouter « qu’il arrive que les détenus n’obtiennent qu’une seule fois leurs rations alimentaires ». Le phénomène de détention préventive abusive provoque également des « incidences socio-économiques sur les prévenus et leurs familles ». Notamment l’incapacité pour les familles de trouver un avocat pour défendre le prévenu. Il convient de rappeler que la détention préventive consiste en l’enfermement d’une personne avant que son procès ait fait l’objet d’une décision de justice définitive. Le lancement officiel du projet de lutte contre la détention préventive abusive (DPA) arrive donc à point nommé.
Stratégies. Visant « à réduire les cas de DPA dans le pays pour une durée de 36 mois », le projet entend former le personnel judiciaire, pénitentiaire et celui de la société civile sur les droits des détenus. Mis en place par le partenariat entre l’ACAT (Action Chrétienne pour l’Abolition de la Torture) Madagascar et le FIACAT (les deux organisations œuvrant pour l’abolition de la torture) et appuyé financièrement par l’Agence Française de Développement, le projet entend atteindre ses objectifs par trois niveaux de moyens. Interviewé sur la question, Guillaume Colin, directeur exécutif adjoint de FIACAT (Fédération Internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) a avancé que « le premier consiste en des visites systématiques (tous les deux mois) par des volontaires de l’ACAT, de la prison d’Antanimora ». « La seconde, quant à elle, correspond à l’identification des cas de détention hors délais ou injustifiée » selon toujours ce responsable. L’ACAT Madagascar va ensuite procéder à la transmission et au traitement (par des avocats référents) des dossiers des détenus. « L’objectif des actions étant de faciliter la libération des prévenus » d’après toujours le directeur exécutif adjoint de la FIACAT.
Garantis.Outre les conséquences socio-économiques, les vraies conséquences de la détention préventive abusive concernent plus le respect des droits des détenus. En effet, la détention préventive qui devrait être « une mesure exceptionnelle » selon Maître Maria Raharinarivonirina, est devenue monnaie courante pour l’administration judiciaire malgache. La lenteur administrative et le manque de moyens (et de personnel dans l’administration pénitentiaire) en seraient les causes. Pour illustration, « le cas de détention touche près de 1 649 détenus sur 3 297 dans la prison d’Antanimora » d’après Guillaunme Collin, directeur exécutif adjoint de la FIACAT. Ladite prison ayant été construite pour environ 1 700 détenus est donc actuellement en surpopulation. Le projet de lutte contre la prévention abusive voudrait donc contribuer à changer cette situation. Consistant en « un accompagnement des autorités malgaches pour mettre en œuvre les recommandations des organisations (et des acteurs) régionales et internationales sur les droits des détenus » selon Maître Haja Raherimiarantsoa coordonnateur national du projet, il repose sur une collaboration étroite entre l’administration judiciaire, l’administration pénitentiaire et la société civile. Devant aboutir à la production d’un guide sur lesdits droits, il devrait également permettre une meilleure sensibilisation de la population sur le sujet.
José Belalahy