Cadences infernales, rémunération à la pièce… l’organisation scientifique du travail(OST) mise au point par Taylor au début du XXe siècle a encore de beaux jours dans le pays. Comme au bon vieux temps du capitalisme, bon teint de longues queues de femmes se forment encore devant ces entreprises de confection à la recherche de travail. Dans la division internationale du travail, Madagascar dispose d’un avantage comparatif concurrentiel avec un coût de main d’œuvre très compétitif même si l’énergie est onéreuse et que l’environnement juridique laisse à désirer .D’autant que les accords comme l’AGOA et les accords multifibres constituent des facilités d’écoulement des produits. Les propriétaires de ces usines et les autorités se frottent les mains, les premiers devant les profits considérables que leurs business procurent et les seconds par les employabilités qui contribuent à résorber le chômage. Faut-il s’en réjouir ? Oui, si l’on voit le sort des femmes s’améliorer relativement avec leur indépendance financière et leurs conditions de vie en générale. En milieu semi rural par exemple dans les environs d’Antsirabe, elles, qui d’ordinaire s’attelaient aux travaux des champs tandis que leurs hommes gardaient le maigre troupeau, allongés les pieds en éventail, sont devenues de fait les véritables pourvoyeuses de revenus du foyer avec les changements structurels de la famille que cette nouvelle situation entraîne. En ville, la hantise du statut de subvenir aux besoins du foyer monoparental (famille sans père) devient moins pressante. Mais cette situation socio-économique est-elle vouée à perdurer ? Dommage que nos errances politiques –semble-t-il nous aient fait sortir du chemin de l’histoire, en effet, si l’on regarde bien, le Japon, la Chine, la Thaïlande, l’Inde et d’autres pays pour ne citer que l’Ile Maurice sont passés par ce stade de pays à bas salaire pour arriver au statut de pays émergents avec des productions à plus forte valeur ajoutée comme le montage des articles électroménagers, de téléviseurs ou d’ordinateurs, par exemple. Mais hélas, comme disait Marx en des termes plus savants, le Travail rapporte plus que le Capital, et nous en sommes encore à ce stade de « L’exploitation de l’homme par l’homme ». Le vent d’Est du développement nous est passé par-dessus.
M.Ranarivao