Pas besoin de boule de cristal ni de cartomancie pour voir que la nouvelle année sera placée sous le signe des élections : présidentielle et législative. Les marabouts de la politique prédisent même un référendum constitutionnel pour un OUI pour un NON.
Zafy Albert en 1995. Didier Ratsiraka en 1998. Marc Ravalomanana en 2007. Ils avaient tous les trois retaillé la Constitution de la Troisième République à leurs mesures respectives. C’est dire que Hery Rajaonarimampianina ne sera pas le premier s’il venait à le faire à son tour. En revanche, il ouvrirait la voie par rapport à la loi fondamentale de la Quatrième République qui souligne justement dans son préambule que « le non respect de la Constitution ou sa révision en vue de renforcer le pouvoir des gouvernants au détriment des intérêts de la population sont les causes des crises cycliques ».
Quatrième. Nonobstant le non respect de la Constitution, entre autres, la carence dans la mise en place de la Haute Cour de Justice, l’actuel locataire d’Iavoloha serait le premier à procéder à un amendement ou toilettage constitutionnel à moins d’un an de la fin de son bail. Le Professeur l’avait fait dans la deuxième année de son élection ; l’Amiral 3 ans après son retour à la barre ; et Marc Ravalomanana, moins de deux ans après sa réélection. Même si le OUI l’avait emporté lors des trois référendums constitutionnels convoqués tour à tour par les trois présidents, cela s’est mal terminé pour chacun d’eux : Le Prof. a été empêché. Deba n’avait pas été réélu. Et Ramose était parti en exil. Le premier président de la Quatrième République sera-t-il le quatrième sur la liste ?
Saison sèche. On prête effectivement à Hery Rajaonarimampianina, l’intention d’organiser coûte que coûte un référendum constitutionnel. Une consultation populaire directe que le régime compterait tenir au mois de mai. Dans le souci visiblement de faire en sorte que le scrutin ait lieu durant la saison sèche de l’année. « Entre le 30 avril et le 30 novembre » selon le code électoral actuellement en vigueur dont l’esprit pourrait être respecté par la nouvelle loi organique relative aux élections et aux référendums, quoique le cas de force majeure ne soit pas non plus à exclure dans le but inavoué de handicaper ceux qui n’ont pas les moyens d’affréter des jets ou des hélicoptères voire même des 4 x 4.
Propagande. Seulement, la tenue du référendum tout de suite après la fin de la saison des pluies risque de poser problème dans la mesure où « la première session ordinaire de l’Assemblée nationale commence le premier mardi de mai ». Soit le 2 mai. La durée de chaque session étant fixée à 60 jours, les députés – ainsi que les sénateurs du reste – pourraient être tentés de déserter les travées de l’Hémicycle pour passer leur temps en campagne si le référendum se tient en mai ou juin. Déjà que la prochaine élection présidentielle prévue entre le 25 octobre et le 25 novembre 2018 coïncide avec la seconde session parlementaire qui débute le troisième mardi d’octobre, c’est-à-dire le 16 octobre. « Consacrée principalement à l’adoption de la loi de Finances », cette seconde session serait alors occultée par la propagande surtout si les législatives seraient encore jumelées avec le deuxième tour de l’élection présidentielle. Un « premier tour dia via » étant nettement moins probable qu’une éventuelle victoire du OUI au référendum.
- R.O