
« Nous ne pouvons pas renier notre culture. C’est notre identité. Nous devons la conserver et la transmettre à nos progénitures », s’exprime Abdillah Lubin, directeur culturel régional de la région SAVA. Une manière de consolider les « sakalava-Anjoaty » d’Iharana. Il s’agit d’un rendez-vous traditionnel de la région.
Une grande communion. La semaine dernière, les « sakalava-Anjoaty » de Vohémar ont effectué une cérémonie culturelle dénommée « Famangiana tany manintsy », en français : visite des lieux de sépultures. Port et comptoir, occupé par les Islamisés depuis le XIIIe siècle. Ville cosmopolite, cette commune urbaine est restée un carrefour culturel des « sakalava-Anjoaty ». L’apport de la civilisation arabe se lit encore dans le quotidien des locaux.
Tous les trois ans, les « Anjoaty » font un rituel pour avoir la bénédiction des ancêtres. Les devins appelés « Dadilahy mpijoro », en tant que chefs spirituels de la communauté, dictent le jour favorable pour la cérémonie. Leur savoir-faire est jalousement gardé depuis le XVIe siècle ; époque du brassage culturel des populations arabisées et des austronésiens présents dans le nord est de la Grande Île.
La cérémonie culturelle se prépare une semaine avant la cérémonie du « Famangiana tany manintsy ». Les quatre jours de cérémonie seront consacrés aux ancêtres royaux.
Le premier jour, les habitants purifient le « champ de repos », la sépulture des rois. Le deuxième jour est dédié à la préparation dans le village d’Andakorobe – traduction phonétique de : grande cour. La journée est conclue par un défilé traditionnel à travers le village.
Le troisième jour, l’assistance accède à « Ambavan’Iharana » pour y effectuer le jôro. Cette cérémonie consiste à demander la grâce des ancêtres. « Ce rituel permet de conserver et de renforcer notre identité en tant que Sakalava-Anjoaty du nord-est » affirme un visiteur d’Amban’Iharana. Dans l’ensemble, ces quatre jours sont imprégnés de la mémoire des roitelets qui ont gouverné la région.
Les normes à suivre. Pour visiter le lieu de repos des ancêtres ou «tany manitsy», les visiteurs doivent suivre des règles strictes. En premier lieu, les hommes ne doivent pas avoir les cheveux courts. Les visiteurs sont sommés de se vêtir de «lambahoany», tissu traditionnel et de «salovagna» pour les femmes. Pour ces dernières, les cheveux doivent être tressés. Les hommes portent du «kitamby », un vêtement à porter sans les dessous. Il est formellement interdit de porter de la viande de porc sur les lieux sacrés.
Comme chez tous les groupements humains à Madagascar, le zébu est toujours lié au sacré dans ce genre de cérémonie, 130 bœufs ont été sacrifiés cette année. Plus de 300.000 visiteurs, venus des autres coins du pays et de l’étranger, sont venus assister à la cérémonie d’Ambavan’Iharana.
Ce rituel attire de plus en plus les touristes.
Iss Herdiny