Aujourd’hui est la date convenue par la plateforme des associations et syndicats de l’éducation à Madagascar (Pasem), formée en 2019 pour faire la grève en raison du non-paiement de l’indemnité spéciale de 50 000 Ariary. De son côté, le plus ancien syndicat et non moins le plus puissant au sein du ministère de l’Education nationale, la confédération des syndicats des enseignants de Madagascar (Sempama) a déclaré lors de la célébration de son 22ème anniversaire, la semaine dernière, ne pas vouloir participer à ce mouvement de revendication.
Lors d’une entrevue avec la secrétaire générale du Sempama, Bodo Ranaka, cette dernière a fait savoir que le syndicat refuse de faire du ministère un outil politique. Ce, tout en précisant que cette revendication revêt des dessous politiques pour certains responsables à la tête de la manifestation. « L’argent qu’il réclame est déjà prévu sortir bientôt, donc je ne vois pas l’intérêt d’une telle manifestation. De plus, on fait toujours face au même cas de figure au sein de ce ministère. En effet, les manifestants sont utilisés à des fins politiques par certains directeurs qui cherchent à affirmer leurs positions en lançant des grèves », nous a-t-elle confié. Et pourtant, le Sempama, depuis sa création en février 1998, était à l’origine de nombreuses manifestations au sein du ministère de l’Education nationale pour ne citer que la grève générale de 2012 qui a eu pour conséquence le report des dates des examens du CEPE, du BEPC et du baccalauréat cette année-là. « Depuis, nous avons reçu diverses formations qui nous ont fait comprendre qu’il existe des manières de manifester notre mécontentement dans le calme et de manière diplomatique », a-t-elle expliqué.
Plus de 200 000 membres. En ce moment, cette confédération des syndicats des enseignants regroupe 230 203 membres dont 155 605 enseignants dans le secteur public et 74 598 dans le secteur privé. Représenté dans toutes les régions et les provinces, il s’agit du plus ancien et du plus représenté des syndicats du ministère de l’Education nationale. « Nous sommes le syndicat authentique des enseignants malgaches. Malheureusement, les politiques ont essayé à maintes reprises de nous diviser pour nous déstabiliser sans réellement y parvenir. C’est d’ailleurs pourquoi il existe en ce moment plusieurs syndicats au sein du MENETP, juste pour semer le trouble », s’est désolée la SG du Sempama. Face à la situation actuelle, cette confédération se désole donc de voir que le ministère de l’Education nationale demeure un terrain de jeu politique. En tout cas, le Sempama est certain de ne pas rejoindre le rang des grévistes. « Un responsable ne devrait pas devenir un meneur de grève », a conclu Bodo Ranaka à la fin de sa déclaration.
Anja RANDRIAMAHEFA