Après le Sénat, il y a quelques semaines, c’est à l’Assemblée nationale, face à 22 députés membres de la commission eau et énergie, que l’Organisation de la Société Civile du secteur Eau-Assainissement-Hygiène (OSCEAH) s’est adressée, le 2 juillet dernier.
Lancer un appel pour prioriser le secteur EAH, longtemps à la traîne et pourtant vital en cette période de pandémie. Tel était l’objectif du plaidoyer de l’OSCEAH, jeudi dernier, avec l’appui de WaterAid, face aux députés. Un rendez-vous ponctué de chiffres alarmants du secteur EAH dans le pays. L’évolution du budget de l’Etat et du secteur EAH de 2015 à 2020 démontre le peu de priorisation de cette question. L’OSCEAH a ainsi voulu interpeller les députés pour proposer et voter des lois pour appuyer notamment la mise en œuvre de la Politique Sectorielle EAH et le Code de l’Eau et Assainissement.
Faut-il rappeler que plus de la moitié de la population (57%) n’ont pas accès à une source d’eau améliorée. Sur ces 57% (soit 14,5 millions de Malgaches), 4 personnes sur 5 boivent de l’eau contaminée par des bactéries intestinales « E Coli », autrement dit, de la matière fécale. De plus, cette population passe la majorité de leur temps à faire la queue aux bornes fontaines ou chercher de l’eau à plusieurs kilomètres de leur domicile au lieu de réaliser des activités génératrices de revenus. Par ailleurs, 4 individus sur 5 n’ont pas accès à un service d’assainissement de base adéquat, tandis que 2 sur 5 pratiquent la défécation en plein air. Seulement 1 personne sur 4 possède un dispositif de lavage des mains avec du savon. Et pourtant, le lavage des mains avec du savon est le premier geste barrière contre la contamination du coronavirus, qui commence à prendre de l’ampleur actuellement. Or, sachant que 14,5 millions de personnes n’ont même pas accès à de l’eau propre, et que 19,7 millions n’ont pas de lave-main chez eux, difficile de combattre cette pandémie. Impossible également de se distancer quand les maisons sont exigües, et les quartiers, très serrés, les centres de santé bondés 6 jours sur 7 et les classes, surpeuplées.
Les conditions vécues par les jeunes filles, les femmes et les personnes vivant avec un handicap ont été soulevées. Le manque de dignité vécu par ces personnes durant leurs menstruations. Des conditions difficiles mais peu mises sur les tables de discussions.
Le Président de l’OSCEAH National, Arsène Raveloson, a réitéré l’importance de la mise en place d’un dispositif légal pro-EAH et d’accorder plus de budget au secteur EAH. Et de soutenir qu’il s’agit, non d’une dépense, mais d’un investissement.
Hanitra R.