
Le photographe Franco Oceano a exposé ses belles photos à l’Alliance française d’Antsiranana dont le vernissage a eu lieu vendredi 22 janvier dernier. La vingtaine de photos décorera le hall de l’AFD jusqu’au 27 février prochain. « Tarehy », tel est le thème proposé par l’artiste.
« L’art est né en soi-même ». L’idée du départ, selon Franco Oceano, était de ne pas être dans la photo de reportage ou d’actualité pour illustrer une histoire ou une situation qui se déroulent devant les yeux du photographe. « Ici mes photo, il n’y a pas d’histoire. On est dans un travail artistique ayant pour base le portrait. Je n’ai pas d’explication à donner sur le pourquoi de ces photos. On ne sait pas vraiment pourquoi on fait ce genre de photo. Je voulais au départ faire des portraits de gens sous la surface de l’eau avec des yeux ouverts pour que leur visage soit comme prisonnier derrière une vitre liquide. Après, je voulais que la chevelure remplisse l’image donc la solution était de la faire flotter à la surface de l’eau », a expliqué l’artiste. En effet, c’est un portrait artistique travaillé un peu comme dans la peinture. Il n’y a aucune retouche, que de travail de contraste du noir et du blanc, pas de flash ni de projecteur. Tout est lumière naturelle. L’idée c’est que l’eau dans laquelle se trouve la personne photographiée diffracte la lumière naturelle et fasse des touches de lumière que l’artiste trouve esthétique, « comme un coup de pinceau ». De ce fait, le visage de la personne devient énigmatique, mystérieux, effrayant ou attirant.
Le noir et blanc permet de renforcer les contrastes, de dessiner des masques. Le mot masque vient du mot romain, maska qui signifie à la fois masque et sombre. À l’époque antique, maska pouvait aussi signifier démons ou sorcières. « Derrière le masque, le visage, sous la surface, peut ainsi se cacher tous les démons de la Terre d’où le nom de l’exposition Tarehy, les masques de Vénus », a ajouté l’artiste.
La photographie rencontre l’anthropologie. Ces belles photos sont appuyées par les textes du prêtre-anthropologue Robert Djaovelo Dzao. Lui et l’artiste se sont rencontrés quelques années auparavant. Franco Oceano a été passionné avec les récits sur le tromba, la possession des corps par d’autres esprits ; certaines de ses photos ont rappelé à l’anthropologue, les visages de personnes possédées. Alors, Djaovelo a trouvé intéressant l’idée d’écrire une courte légende pour chaque photo en se rapprochant parfois des dictons Sakalava et Antakarana.
En outre, à travers ses documentaires et reportages pour différentes émissions de télévision françaises et internationales, Franco Oceano a été emmené aux Etats-Unis, au Groenland, en Tanzanie, en Argentine, à Malte, en Thaïlande, à Taiwan, en Angleterre , en Egypte et à Madagascar, pays pour lequel il a un véritable coup de foudre. En complément de ses films, Franco Oceano développe, depuis peu, une approche photographique inédite et personnelle. Essentiellement en noir et blanc, sa vision humaine des situations et la forme graphique des ses images, font la qualité et la force de son style.
Franco Oceano envisage d’effectuer des expositions dans les autres Alliances françaises à savoir Tamatave, Majunga, Tananarive, d’où l’idée de refaire des tirages des clichés sur un papier spécial solide de bonne qualité pour les photos pour rendre possible leur circulation dans les autres Alliances françaises à Madagascar.
Iss Heridiny