
À Madagascar, qui ne connaît pas le « masonjoany », la parure cosmétique dont s’ornent les femmes. En outre, ce masque de beauté les protège du soleil et de la chaleur qui émane des cuisines. Le Masonjoany aide également à éliminer les boutons et les tâches sur le visage. Dans la région Nord-Ouest de Madagascar, il est souvent utilisé par les femmes qui sont en période de menstruation. « Cela fait des siècles que les Malgaches se sont appropriés ce masque de telle sorte qu’il y a une très vieille chanson traditionnelle malgache qui chante les louanges du masonjoany », avance Aïcha Cassam une littéraire malgache. Mais, à vrai dire, ce cosmétique n’est pas exclusivement malgache. Il est également emblématique des pays de l’Est Africain. Nommé m’sindanu, aux Comores, msindzano à Mayotte, le procédé de fabrication est effectivement le même. Les femmes se munissent d’une pierre plate et d’un morceau de bois de santal. En versant des gouttelettes d’eau sur la pierre, elle y frotte le bois avec délicatesse.
Bel arbre d’Inde. L’utilisation de ce morceau de bois ne date pas d’aujourd’hui. Cultivé depuis 4.000 ans avant notre ère en Inde, c’est un arbre majestueux qui pousse lentement. Il peut atteindre les 9 mètres en hauteur. Il a une cime à rameaux retombants. Il se nourrit des racines des arbres voisins, sans leur nuire. Le bois de Santal est dédié au dieu Vishnu. Il est très utilisé dans les rituels bouddhistes et hindous sous forme d’encens. Par ailleurs, il est employé pour construire les lieux saints, ainsi que les meubles et statuettes. Il apaise l’égo et amène à découvrir le moi intérieur. Son histoire est liée à la vie culturelle.
Cultiver la culture. Au IXe siècle, la région du Sud-Ouest de l’Océan Indien est un passage obligé pour les Indiens et les Perses. Les îles de ces contrées deviennent des comptoirs commerciaux et lieux d’échanges. C’est probablement à ce moment que le bois de santal fut cultivé dans la partie orientale de l’Afrique. D’ailleurs, en 1154, le géographe arabe Al Idriss réalise une carte pour le roi Roger II de Sicile un travail cartographique appelé Tabula Rogeriana dans laquelle il décrit non seulement le pays et la population mais aussi les produits de l’archipel. Hormis les bananes, le sorgho, le riz, la canne à sucre, le santal figure parmi les plantes qu’il a citées dans son « rapport ». Lié historiquement, les îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien partagent la même culture. De Maurice à Madagascar en passant par les Comores, le masque de beauté embelli la femme indianocéanienne.
Iss Heridiny