
L’activiste et consultant international des Droits de l’Homme auprès d’ACI Human Rights mène d’intenses travaux de lobbying contre le président comorien à une dizaine de jours de la tenue de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Interview.
Midi : Pourquoi cette campagne contre le Colonel Azali Assoumani ?
Saïd Mze Tadjidine : Aujourd’hui, à la tête de l’Union des Comores et vice- président de l’Union africaine, il se croit intouchable et pense que personne ne peut l’arrêter. Croire qu’il va changer, c’est être naïf et surtout, c’est mal le connaître. Azali Assoumani reste égal à lui-même. Il continue d’ignorer les lois, qu’elles soient nationales ou internationales .
Midi : Pouvez-vous citer des exemples concrets ?
S.M.T : Son refus de faire exécuter l’ordonnance du juge d’instruction autorisant l’évacuation sanitaire de l’ancien président de l’Union des Comores, Sambi qui en est à sa quatrième année de détention arbitraire. La majorité des opposants au régime Azali sont en prison ou en exil forcé. Les derniers en date sont les trois militants du mouvement MABEDJA, en l’occurrence, Farahane, Chamoune et Massoud qui viennent d’être arrêtés le 26 août 2021. Ces militants pour la liberté et défenseurs des droits humains sont accusés d’atteinte à l’ordre public, alors qu’ils voulaient manifester pour un Etat de droit. Ils sont qualifiés de terroristes. Il y a aussi le cas du journaliste Abdallah Abdou Hassan alias Agwa dont le processus d’élimination est enclenché.
Midi : Quelle solution préconisez-vous ?
S.M.T : Il est temps de mettre fin à cette mascarade. Il affirme que les opposants sont libres de s’exprimer voire de critiquer le régime alors qu’ils sont arrêtés à la moindre occasion. Nous prenons les Comoriens et l’opinion internationale à témoin. Azali Assoumani n’a plus de légitimité depuis la fin de son mandat de 5 ans ; entamé le 26 mai 2016, et arrivé à son terme le 26 mai 2021. On est en droit de demander à ce que les Nations Unies l’empêchent d’accéder à la prochaine Assemblée générale sous peine de constituer un précédent. Nous demandons au Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres d’annuler officiellement l’invitation d’Azali Assoumani à prendre part à cette Assemblée générale prévue ce mois-ci. Notre noble Institution ne peut continuer à ignorer les violations des droits humains et des libertés fondamentales qui fondent l’essence même de ses différents combats à travers le monde pour appeler à plus de démocratie et de bonne gouvernance.
Midi : Qu’attendez-vous des Nations Unies ?
S.M.T : Nous n’avons de cesse d’appeler à la responsabilité de la communauté internationale plus particulièrement les Nations Unies et l’Union européenne pour user de leur influence non seulement pour protéger la population mais également pour engager tous les partis comoriens dans la voie du dialogue. Un dialogue véritablement sincère et résolument constructif qui offrirait aux Comores de réelles perspectives de sortie de crise.
Propos recueillis par R.O