Le 27 septembre, la responsable d’une entreprise œuvrant dans le tourisme à Tuléar, reçoit un appel vers 1h00 du matin, informant que Fitahia, gardien de l’entreprise, est malade. Aussitôt, la cheffe fait le nécessaire pour l’admission du malade à l’hôpital.
Un mois et demi après l’enterrement de Fitahia, le 15 novembre, deux policiers viennent chercher la cheffe. Une plainte a été déposée au tribunal de Tuléar, à la grande surprise de la cheffe et un autre gardien : « le décès de Fitahia serait dû à un empoisonnement au cours d’une célébration d’anniversaire organisée chez la cheffe elle-même ». Voilà qui change tout. Le 15 novembre, la cheffe est enquêtée au commissariat divisionnaire. Elle est mise au violon avec le deuxième gardien, jusqu’au 16 novembre. Ils sont déférés au parquet le 23 novembre, puis placés en mandat de dépôt (MD) les 24 et 25 pour enquête approfondie où ils obtiennent une liberté provisoire (LP), en attendant leur procès. Le vendredi 26, une grande manifestation, avec banderoles, est organisée devant le tribunal de Tuléar, par le père de Fitahia. Le père n’est pas satisfait de voir les présumés coupables, libérés au bout de 48 heures. La famille de Fitahia tient la cheffe et l’autre gardien, comme responsables du décès étrange de leur parent qui était en bonne santé. Il a fallu l’intervention de la gendarmerie pour disperser la foule, prête à procéder à une vindicte populaire.
Mais que s’est-il passé ce 27 septembre ? Est-ce que la cheffe aurait invité le défunt, d’après les dires du père de famille ? Que gagnerait la cheffe en empoisonnant son gardien ? Ce 27 septembre, le gardien avait quitté le lieu de travail avant 18h, en bonne santé, laissant la relève au deuxième gardien. Fitahia n’était plus sorti de chez lui où se trouvait sa femme. Que s’est-il passé durant la soirée ? Quand la famille avait emmené le corps inanimé de Fitahia à la clinique, le médecin de garde avait établi le certificat de décès suivant ce qu’il avait constaté. Selon des témoins, le cadavre était tout à fait normal, pas de bave, le ventre n’était pas gonflé, et ne portait aucune trace visible.
La responsable de la société obtient une constatation du décès, spécifiant l’âge de 35 ans et décrivant comme cadavre en dépôt (CED). Le père du défunt a demandé deux zébus pour la veillée et l’enterrement. Le personnel de la société pensait qu’avec la disparition de Fitahia s’évanouissaient les soucis. Il n’en est rien puisque la version des faits même, a changé, le 15 novembre : empoisonnement, selon les allégations du père de Fitahia. Il appartient au tribunal de juger et de rendre un jugement.
Charles RAZA