La vingt-quatrième conférence des Parties a été ouverte hier dimanche à Katowice en Pologne. Ambitieuse de par ses aspirations et résultats attendus, notamment l’implémentation de l’Accord de Paris, la COP 24 est pourtant marquée par des conflits d’intérêts et des contradictions.
Le paradoxe réside dans le fait que la Pologne, pays hôte de la COP cette année a décidé de prendre les principales entreprises productrices de charbon, pour être ses principaux sponsors. Un choix qui fait deux poids deux mesures. Certains observateurs étaient rebutés, car pour eux, c’était un peu, comme si cette société productrice de tabac finançait une campagne anti-tabac. Toutefois, un autre point de vue, plus « positif » est possible, comme celui d’un jeune Malgache, membre d’une organisation de la société civile : « Pour moi, cela ressemble plutôt à une sensibilisation de haut niveau, par le renforcement, d’ailleurs le choix de Katowice est loin d’être anodin. C’est-à-dire que c’est un moyen pour le pays hôte de sensibiliser les plus gros producteurs de pétrole à transiter peu à peu vers l’énergie verte et de laisser tomber les énergies fossiles. » Mme Espinosa, Secrétaire générale de l’UNCCC a par ailleurs fait remarqué que la sensibilisation a soulevé l’importance de la sensibilisation du public dans l’objectif de trouver des solutions communes, mais aussi à un niveau politique, de chercher sincèrement et pragmatiquement, le consensus pour des actions plus positives. Le climat est indéniablement en train de changer et cela affecte indéniablement la vie des milliards de personnes qui peuplent la terre. « Nous ne pouvons tout simplement pas dire à des millions de personnes dans le monde qui souffrent déjà des effets du changement climatique que nous n’avons pas tenu promesse », a-t-elle dit.
G20. D’ailleurs, l’ouverture de la COP 24 a été précédée de la clôture du G20 qui a encore, pour la énième fois, réaffirmé son engagement en faveur du maintien de la température globale au- dessous de 1,5°C et de la nécessité urgente de la mise en place d’une transition « juste » et « équitable ». Pourtant, un paradoxe est encore une fois présent ; celui du gap usuel entre la parole et l’action. Un gap qui en soi n’est pas étonnant, rien qu’à voir de plus près l’Accord de Paris, dont l’implémentation constitue l’une des bases les plus importantes des négociations durant cette COP 24. L’Accord de Paris est surtout fait de propositions, de suggestions et d’invitations, et non d’injonctions, qui pourtant, selon des activistes et spécialistes en Climat, seraient plus efficaces. Comme le dit si bien le Talanoa Dialogue, promu au sein du pavillon, très attrayant du Pacifique et du Koronovia, elles mènent à « plus d’action » ; et de l’action, c’est cela dont le Monde a besoin pour gérer les effets du changement climatique. D’ailleurs, si le processus en est toujours à la recherche de consensus, c’est que les conflits d’intérêt sont intenses entre les pays développés, en voie de développement, les pollueurs et les moins pollueurs, les pays intermédiaires qui essaient de tirer leur épingle du jeu, etc. Le Président de la COP 24, M. Michal Kurtyka de rajouter : « L’Accord de Paris de 2015 est entré en vigueur plus rapidement que tout autre accord de ce type. J’appelle maintenant tous les pays à se rassembler, à prendre appui sur ce succès et à rendre l’accord pleinement fonctionnel ». Avant de rajouter : « Nous sommes prêts à œuvrer avec tous les pays afin de nous assurer que nous quittons Katowice avec un ensemble complet de directives de mise en œuvre et avec la certitude que nous avons servi le monde et sa population ».
Ouverture. Conformément à la procédure en vigueur, la 24e Conférence des Parties (COP24) a été ouverte hier à Katowice, en Pologne, mais la « grande cérémonie d’ouverture », c’est-à-dire le lancement officiel aura lieu ce jour, honoré par une quarantaine de chefs de gouvernement. La session d’hier a ainsi permis de démarrer les travaux et de permettre à tous les participants, qu’ils soient délégués, journalistes, ou encore organisations de la société civile, ou politiciens d’entrer en contact, de mieux se connaître, pour ainsi mieux travailler. Prévue à 10h, la session plénière d’ouverture a accusé près de deux heures de retard, en raison notamment de discussions enflammées en coulisses entre les leaders de la conférence. Toutefois durant la session plénière proprement dite, le ton était posé et les discussions moins enflammées qu’elles ne l’étaient en coulisses. Durant la première séance plénière, seuls les délégués provenant des Maldives et de l’Australie ont pris la parole. Leurs interventions, surtout celle de l’Australie- l’un des premiers pays au monde en termes de volume de l’exploitation minière- étaient centrées sur le concept de justice climatique et de financement climatique. Certes, elles reconnaissaient la responsabilité de ces pays dans l’intensité accrue des effets du changement climatique (le réchauffement notamment) et affirmaient être prêts à l’assumer, conformément à l’Article 7 de la Convention, mais en même temps l’intervention essayait subtilement d’atténuer cette responsabilité et ses conséquences.
Madagascar. Pour cette année, Madagascar est représentée par le ministère de l’Environnement, de l’Ecologie et ses organismes rattachés tels que le Bureau national de Coordination des Changements climatiques (BNCC), des organisations de la société civile, des fondations comme la fondation « Tany Meva », la Direction générale de la Météorologie (DGM) et une journaliste. Le ministre serait attendu ce jour ou au pire des cas, pour la seconde semaine de la COP 24. Pour ce jour, la plupart membres de délégation étaient apparemment très occupés ou pour les questions usuelles de procédures et de mandat, seules quelques personnes en particulier étaient autorisées à parler. Comme l’année dernière, Madagascar compte s’aligner aux aspirations de ces groupes d’appartenance, tels que le Groupe des Pays les moins avancés, ou encore le groupe 77+ Chine. Comme le veut également l’Accord de Paris, la Grande Ile sera appelée à pratiquer la transparence dans la communication et la transparence budgétaire dans la mise en œuvre de sa NDC (Convention nationale déterminée). Un pavillon est d’ailleurs dédié aux NDC durant cette COP, il s’agit de la « NDC’s partnership fund » (NDC). Malheureusement, Madagascar n’a pas son propre pavillon, mais elle participera tout de même, due à sa position géographique particulière (entre l’Afrique et l’Océan Indien) et son potentiel énorme en biodiversité. Beaucoup de défis l’attendent, surtout en raison des catastrophes naturelles et d’autres cataclysmes dus à la pression anthropique tels que la déforestation massive.
Luz Razafimbelo