Le Programme de Planification du Développement, Secteur Privé et Emploi (ou PDSPE) est un des projets mis en œuvre par le ministère de l’Économie et des Finances dans le Sud de Madagascar avec l’appui technique et financier du Programme des Nations Unies pour le Développement.
Le grand Sud se démarque de plus en plus de son statut de région oubliée, surtout depuis le colloque de l’Émergence Sud Madagascar. Des projets de développement sont actuellement en cours. Parmi lesquels figure le PDSPE dont les impacts sur la vie socioéconomique de la population sont palpables. L’Androy est en effet une des régions les plus vulnérables de Madagascar, longtemps connue pour les problèmes inhérents aux aléas climatiques. Mais la donne est en train de changer grâce aux projets qui y sont actuellement initiés.
Approche de proximité
Pour le ministère de l’Économie et des Finances et le PNUD, l’accent est surtout mis sur une approche de développement et d’amélioration de la résilience des communautés pour assurer la complémentarité des interventions du gouvernement malgache et de ses partenaires dans le Grand Sud. La collaboration technique étroite entre le ministère de l’Économie et des Finances, le ministère de l’Environnement et du Développement durable, le ministère des Travaux publics, le ministère de l’Industrie et du Commerce et le ministère de la Fonction publique, de l’Emploi et de la Formation professionnelle porte ses fruits. Grâce à ce projet, les conditions de vie des ménages les plus vulnérables se sont améliorées. En même temps, l’on assiste à une promotion de la protection sociale et de la sécurité alimentaire. Par ailleurs, le projet se manifeste par la construction d’infrastructures pour le développement de proximité. Ainsi, 55 477 ménages dans les districts d’intervention ont pu améliorer leurs conditions à court et moyen termes. Identifiés parmi les ménages les plus vulnérables dans le Sud, les bénéficiaires ont fait l’objet d’une approche de proximité, consistant notamment à donner une opportunité d’emploi aux chefs de famille, homme ou femme et aux jeunes. Ces derniers travaillaient pour une durée allant de 60 jours à 180 jours sur un chantier d’infrastructures identifié par la communauté comme clé pour améliorer la productivité locale. Chaque travailleur recevait 4 700 Ar d’indemnité journalière dans le cadre des travaux HIMO afin d’assurer la subsistance du ménage, le temps du chantier et percevait par journée travaillée 3 200 Ar à titre d’épargne dont le montant total sera reçu par le bénéficiaire à la fin des travaux pour démarrer leur propre activité génératrice de revenu. Cette approche a permis de mener des travaux de stabilisation de dunes, de réhabiliter des infrastructures agricoles, de mener la réfection de pistes rurales.
Avantages
Un projet doublement bénéfique en somme puisque, outre la création d’emplois, d’autres avantages ont été tirés. On peut citer, entre autres, la stabilisation de 689 ha de dunes dans les régions Androy et Anosy et qui a permis de sauvegarder 5 585 ha de terrains agricoles et des zones de pâturage. Ou encore l’amélioration de la production agricole de plus de 800 ménages sur 40 ha de champs qui a été facilitée grâce à la réhabilitation du complexe hydroagricole d’Ambatopilake et Behazomanga, district de Tsihombe avec de l’eau disponible en permanence pendant toute l’année. Par ailleurs, 31 puits multi-usages avec pompe manuelle ont été construits pour répondre aux besoins en eau de pas moins de 2 000 ménages. L’adduction d’eau a également permis le développement de la culture maraîchère autour des sites d’implantation. De même, la réhabilitation de 4 ponts submersibles a facilité la circulation de la production entre les différentes communes. Enfin et non des moindres, le désensablement de 140 km de pistes rurales dans les 4 districts de la région Androy et la construction d’une vingtaine d’ouvrages (Dalots, cunettes et radiers) ont également facilité les circulations inter-communales. La durée des trajets entre les communes est réduite de moitié, surtout pendant la période de pluie.
Impacts positifs
Le PDSPE a également eu des impacts positifs en termes de renforcement du tissu économique local et à l’industrialisation. En effet, des unités de transformation et de valorisation des produits locaux selon l’approche chantier école sont mises en place. 120 jeunes ont été formés dans ce cadre et ont acquis des compétences en bâtiments et travaux publics. 2 plateformes multifonctionnelles, 2 unités de transformation d’huile de ricin, 2 unités de transformation de cactus en alimentation du bétail, et 6 greniers communautaires villageois ont été bâtis par ces jeunes et sont opérationnels pour améliorer le quotidien des habitants des sites d’implantation de ces infrastructures. L’électrification rurale est aussi de mise avec la construction de 6 centrales solaires photovoltaïques dans 3 districts de l’Androy, permettant l’éclairage des villages, des bâtiments publics (CSB et écoles), bénéficiant à plus de 1 000 ménages leur permettant de développer des activités génératrices de revenus. La mise en place de ces centrales solaires a été accompagnée par le développement du tissu industriel local avec 3 zones de transformation économiques intégrées. En collaboration avec T’TELO, l’apiculture a été développée dans des villages du Sud en facilitant la collecte et l’écoulement des produits d’apiculture. Enfin, des améliorations ont également été enregistrées en matière d’écoulement des produits.
Nouveau plan cadre
Bref, le PDSPE constitue un projet à fort impact socio-économique initié par le ministère de l’Économie et des Finances avec l’appui du PNUD. Forts de ce succès, les deux partenaires vont renforcer leur partenariat. À cet effet, d’ici 2023, le MEF avec l’appui du PNUD valorisera davantage « la croissance inclusive et le développement durable » à travers 2 projets qui seront axés sur le plan macroéconomique, par des stratégies et politiques sectorielles, comme la finance inclusive, l’entrepreneuriat, le commerce extérieur, la finance publique…. Ce partenariat s’insère dans la mise en œuvre du nouveau Plan Cadre de Coopération des Nations Unies pour le Développement Durable (UNSDCF) entre le gouvernement malgache et le Système des Nations Unies (SNU) à Madagascar. Ce Plan cadre constitue un nouvel engagement en faveur de l’émergence de Madagascar pour atteindre les Objectifs de Développement Durable et à reconstruire en mieux au cours de la période post pandémie de la Covid-19.
R.Edmond