
La prochaine élection présidentielle ne serait pas l’affaire des candidats à faibles moyens financiers.
Le comité interministériel chargé d’élaborer des avant-projets de décret et des avant-projets de loi en vue de modification de certaines dispositions de l’actuel code électoral et même de l’adoption des tous nouveaux textes est déjà opérationnel. Présidé par le premier ministre Mahafaly Solonandrasana Olivier, ce comité est composé d’un représentant du secrétariat général du gouvernement, d’un représentant du ministère des Finances et du Budget, d’un représentant du ministère de la Communication et des Relations avec les Institutions, d’un représentant du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, ainsi que d’un représentant du ministère de la Justice. La première réunion du comité interministériel s’est tenue avant-hier au Palais d’Etat de Mahazoarivo. D’après nos sources, si les normes internationales fixent à six mois la durée nécessaire à la sensibilisation et à la vulgarisation des textes électoraux, le gouvernement envisage de boucler ses travaux au plus tard au mois de février ou de mars 2018. Et si la prochaine élection présidentielle aura lieu en décembre 2018, la CENI et la société civile disposeront d’un délai de huit mois pour sensibiliser la population sur les nouveaux textes.
Petits candidats. A l’allure où vont les choses, plusieurs décrets et plusieurs lois seraient adoptés après les travaux du comité interministériel. Ces nouveaux décrets et nouvelles lois qui vont modifier ou compléter l’actuel code électoral et ses textes subséquents pourraient intégrer des nouvelles dispositions qui permettraient de combler les vides dans les textes en vigueur. Ces nouvelles dispositions pourraient régir entre autres la précampagne électorale, l’établissement du calendrier électoral et le financement des partis politiques. Des indiscrétions ont permis de savoir que la caution de 250 millions fmg par candidat à l’élection présidentielle serait révisée à la hausse suite aux propositions des représentants des partis politiques recueillies durant les différents ateliers organisés par la Commission Electorale Nationale Indépendante. Le nouveau montant de 350 millions fmg a été proposé. Or, l’ancien montant de 250 millions fmg a été déjà jugé très élevé par les candidats aux présidentielles de 2013. On se souvient que des candidats qui ont déjà déposé en 2013 leurs dossiers de candidature auprès de la CES (Commission Electorale Spéciale) ont été disqualifiés faute de ne pas avoir pu s’acquitter de cette caution de 250 millions fmg.
Code d’éthique et de bonne conduite électorale. Si la révision à la hausse de la caution de 250 millions fmg sera confirmée, le pouvoir en place sera accusé de procéder à l’élimination par l’argent des candidats qui ont des bonnes idées pour le développement du pays, mais qui n’ont pas les moyens financiers pour pouvoir mener une campagne électorale où l’argent est utilisé à flots pour influencer le choix des électeurs. Outre la révision de l’actuel code électoral, on a appris que la CENI envisage de faire signer un code d’éthique et de bonne conduite électorale avant les élections de 2018. Ce code sera élaboré à partir des nouveaux textes électoraux qui vont servir de sa base légale. En tout cas, bon nombre de politiciens ne cessent de crier haut et fort que l’actuel code électoral ne permettra pas d’organiser des élections libres, démocratiques et acceptées par tous. Certains craignent même le syndrome kényan. Dans ce pays d’Afrique orientale, la Cour Suprême vient d’invalider, à cause des irrégularités constatées par l’opposant candidat Raila Ondinga, le résultat d’une élection présidentielle gagnée d’après les scores publiés par la commission électorale par le président en exercice Uhuru Kenyatta. Une nouvelle élection est à tenir dans les deux mois à venir au Kenya.
R. Eugène