La capitale est sous les eaux. Le bilan est lourd. Des morts, des blessés et des sinistrés. Les autorités dont le président de la République et le Premier ministre ont été sur le terrain. Dans les communes à risque, les gens sont en état d’alerte rouge. Des dizaines de milliers de sinistrés ont évacué les zones inondées. Les bas-quartiers sont les plus touchés. Beaucoup de ceux qui sont restés, malgré les avertissements des autorités, ne savent pas où se réfugier. Les tentes sont insuffisantes. Aussi certains restent dans leurs maisons faisant fi de la menace d’effondrement. Cette situation rappelle à une certaine génération le souvenir des inondations de 1959 qui ont envahi la plaine d’Antananarivo.
Pour une solidarité exemplaire
A la différence qu’à cette époque, l’entraide et le fihavanana n’étaient pas du tout des mots vides de sens. La plupart des sinistrés ont été accueillis par les habitants en hauteur de la ville. Aujourd’hui le fossé est grand socialement. La méfiance a pris le dessus sur la confiance. Les temps sont durs, le «Trano atsimo sy avaratra, izay tsy mahalena hialofana » est devenue une formule qui sert plus dans les vœux de condoléances que dans la réalité des relations entre voisins. La pauvreté est trop pesante pour pouvoir partager. Le gouvernement ne s’attendait pas à des inondations d’une telle ampleur sur la Capitale. Les moyens qu’il détient s’avère aujourd’hui dérisoires étant prévus pour une saison cyclonique normale. Aussi, parmi les membres du gouvernement, seuls les responsables conscients du désastre ont-ils été débordés depuis quelques jours. Ils sonnent l’alarme, donnent l’alerte pour sauver des vies, pendant que certains de leurs pairs se murent dans le silence et la discrétion pour préserver leur image politique à l’approche des élections. Pour un Député, tous les symptômes d’une catastrophe nationale sont là. Le moment serait opportun d’après lui de lancer un appel aux bailleurs et aux partenaires étrangers pour venir à notre secours. Dans la situation actuelle, la solidarité doit prendre le dessus sur les querelles politiques. Ce n’est pas le moment des revendications et des foyers de tension. Il est vrai que les insuffisances du gouvernement devant les inondations, les éboulements, les routes mauvaises et coupées à divers endroits, la masse de sinistrés qui grossit de jour en jour, les maladresses dans les décisions, reflètent de la mauvaise gouvernance. Mais, le moment doit être mis à profit pour se serrer les coudes afin de sortir le pays au plus vite de cette situation d’infortune. Le monde entier observe. Ne savons-nous que tendre la main ou pouvons-nous taire les rivalités et montrer une solidarité exemplaire devant les épreuves de ce genre ?
Zo Rakotoseheno