
Pour cause de dialogue politique, le face-à-face entre les députés et le ministre des Finances et du Budget prévu hier, est reporté ce jour.
Même s’il sera principalement question de Fonds de Développement Local (FDL), les membres de la Chambre basse saisiront certainement l’occasion pour réclamer « leurs 4×4 » et une franchise douanière qui ne sont point prévus dans le projet de loi de Finances pour 2017. Reste à attendre ce que les députés proposent en retour, car l’article 92 alinéa 7 de la Constitution prévoit que « tout amendement au projet de budget entraînant un accroissement des dépenses ou une diminution des ressources publiques doit être accompagné d’une proposition d’augmentation de recette ou d’économie équivalente ». En somme (au propre comme au figuré), les élus de Tsimbazaza devront proposer d’autres sources de recettes qui se répartissent généralement en 2 catégories : fiscales et non fiscales. Dans le premier cas de figure, ils ne mettraient pas les contribuables dans leur …assiette en proposant de nouvelles taxes. Et dans le second cas, ils pourraient alourdir les dettes de l’Etat s’ils poussent ce dernier à recourir à des emprunts. Dilemme cornélien pour les membres de la Chambre basse qui risquent de tomber de haut. Ils (et le pays avec) sont dans l’impasse…budgétaire, car leurs revendications entraînent un excédent de dépenses sur les recettes.
Austérité. Le moyen le plus simple pour les députés serait de proposer de faire l’économie de leurs salaires et avantages qui représentent une enveloppe assez consistante dans les dépenses du Budget général de l’Etat. Un geste d’austérité qui a peu de chances d’être proposé par les « solombavambahoaka » qui se distinguent plutôt par leur gourmandise. Pour ne rappeler que les 49.760.000 ariary de dépenses en carburant effectuées en une seule journée au titre de l’Assemblée nationale par un même porteur qui a utilisé 5 véhicules. Et ce, auprès d’une même station-service où pareille dépense est impossible à moins qu’elle n’ait été monnayée. C’est peut-être parce qu’ils n’arrivent pas à consommer totalement le quota de carburant à eux alloué que les membres de la Chambre basse revendiquent mordicus des 4×4 afin de sillonner leurs circonscriptions respectives, faute d’avoir obtenu jusqu’ici un passeport diplomatique (une autre revendication) pour eux et pour les membres de leur famille qui leur aurait ouvert d’autres horizons.
Commerciales. Les annales de la République ont montré que parfois pour ne pas dire souvent, ces véhicules tout terrain avaient été utilisés à des fins lucratives et/ou commerciales. C’était le cas pour bon nombre d’Isuzu Trooper au début de la Troisième République. Même affectation pour une grande partie des Toyota Hilux fournis gracieusement par Marc Ravalomanana. Lequel devait, face à l’indignation de l’opinion, changer de méthode lors de la mandature suivante, en mettant les cartes grises des Nissan double cabine des députés au nom de la Présidence de la République. Des véhicules tout terrain qui ont disparu de la circulation au lendemain de la crise 2009. Des députés redoublants sont aujourd’hui mal placés pour réclamer d’autres 4×4 alors qu’ils n’ont pas rendu ce qui leur a été attribués avant. Reste à savoir si la question va être évoquée ce jour lors de la rencontre à Tsimbazaza où Christiane Taubira qui se déplaçait à vélo du temps où elle était ministre de la Justice en France, est loin de faire des émules. Au contraire, concernant les 4×4, les députés sont entêtés comme des …mules.
R. O





