Indignation. C’est le sentiment général qui s’est dégagé hier au niveau de l’opinion publique, en entendant la plus mauvaise nouvelle du jour qu’était ce refus des députés d’entendre le programme de gouvernement si le PM ne se plie pas à leur demande de 4×4. Indignation puisque la revendication est jugée futile et inopportune dans un pays qui détient malheureusement le record du monde de la pauvreté.
Extrêmement pauvre. Une pauvreté généralisée pour reprendre les termes du Fonds Monétaire International qui, dans son dernier rapport, indique notamment qu’à Madagascar, « la majorité de la population est extrêmement pauvre et a à peine de quoi se nourrir : environ 62 % de la population vit sous le seuil de pauvreté extrême (alimentaire) (c’est-à-dire avec un revenu inférieur au coût de la consommation de 2 100 calories par jour) ; trois personnes sur quatre vivent en deçà du seuil de pauvreté absolue et plus de 90 % de la population vit avec au plus 2 dollars US par jour, soit à peu près la même proportion qu’au Congo RDC, au Libéria et au Burundi, trois pays qui sortent d’une guerre civile. Ces chiffres confirment que Madagascar est devenue l’un des pays les plus pauvres du monde » : Une situation d’extrême pauvreté qui ne va évidemment pas de pair avec cette exigence des députés.
Mal vues. Le FMI, par exemple, indique clairement dans ses recommandations que l’amélioration et la bonne répartition des dépenses publiques font partie des « mesures indispensables au maintien de la stabilité macroéconomique et à la résolution des principaux problèmes structurels qui ont bridé le développement économique ». En termes plus clairs, toutes dépenses inutiles comme l’achat des 4×4 des députés par exemple, sont mal vues par les bailleurs de fonds en général et le FMI en particulier. D’ailleurs, le FMI a des recommandations précises concernant les dépenses publiques, en annonçant que leur accroissement et l’amélioration de leur composition sont des mesures prioritaires qui ne prévoient évidemment pas des dépenses inutiles comme l’achat des 4×4 des députés.
Caprice d’enfant. Car pour le FMI, les dépenses prioritaires sont clairement définis : « Un rééquilibrage s’impose en faveur des dépenses prioritaires consacrées à l’éducation, la santé et l’infrastructure ». Et ce qui est surtout inquiétant c’est que ce caprice d’enfant des députés risque de nouveau d’enfoncer le pays dans une nouvelle crise, qui pourrait contrecarrer les efforts que le gouvernement Ravelonarivo entend mener dans son programme, que les quémandeurs de voiture tout-terrain ne veulent même pas considérer. Décidément.
R.Edmond