
Après les tablettes pour tous et les motocyclettes pour certains, les 151 membres de la Chambre basse attendent leurs 4×4.
Le prix unitaire des 4×4 des députés serait de 400 millions de Fmg. En somme, c’est le cas de le dire, un peu plus de la moitié de la cagnotte de 700 millions Fmg récoltée samedi dernier, lors de la journée de solidarité nationale. Et ce, pour des dégâts cycloniques dont la réhabilitation est évaluée à 505 milliards de Franc Mofo Gasy. La note risque même d’être plus salée compte tenu – au propre comme au figuré – de l’ampleur du sinistre qui ne cesse de s’aggraver au fil des jours. Pour ne citer que l’état de la RN 34 reliant Miandrivazo à Morondava, que les députés ne pourraient même pas emprunter avec leurs futurs véhicules tout terrain. Ceux qui ont été élus dans la Région du Menabe seront embarqués dans la même galère que les usagers de cet axe.
80 mensualités. De toute façon, l’achat de 4×4 pour les députés n’est pas la priorité dans un pays sinistré. La revendication s’avère inopportune voire indécente, même si c’est le président de l’Assemblée nationale en personne qui s’est fait le « solombavan’ny solombavambahoaka ». D’ailleurs, force est de se demander comment les membres de la Chambre basse arriveront-ils à payer les traites car il ne leur reste plus que 4 ans de mandat. Un député ne pourra pas payer l’intégralité des 400 millions de Fmg en l’espace de 48 mois. A raison de 30% – la part légale saisissable- de son salaire mensuel qui avoisine les 15 millions de Fmg. La traite à payer serait donc de 5 millions par mois. C’est dire qu’il faudra 80 mensualités pour payer l’intégralité des 400 millions. Fut-il sans intérêt car le « Fanjakana » n’est ni une banque ni un usurier.
Mandat écourté. L’Etat providence – si c’est encore le cas – n’est pas non plus un concessionnaire. Et ce, au grand bonheur du député qui ne risque pas de voir sa 4×4 faire l’objet d’une saisie. Une procédure qui s’avère du reste peu probable dans la mesure où le mode de paiement est une sorte de retenue à la source. Le problème se pose plutôt si le mandat de l’élu venait à être écourté pour cause de déchéance, de décès ou de dissolution de l’Assemblée nationale. Dans l’une de ces trois hypothèses, le député n’aura plus les moyens de payer ses traites, sauf s’il a d’autres sources de revenus. Notamment en louant ou en affectant au transport de personnes et/ou de marchandises sa 4 x 4 comme l’avaient fait auparavant d’autres membres de la Chambre …bassement matérielle.
R. O