L’image a fait la une de la plupart des journaux de lundi dernier. L’ancien président Marc Ravalomanana posait en souriant aux côtés de ceux qui ne l’avaient pas ménagé sur le plan politique, ces dernières années. Les adversaires d’hier semblent être devenus des amis aujourd’hui. Ce rapprochement peut s’expliquer par les épreuves qu’ils ont traversées ces derniers temps et qui les ont rapprochées. Cette photo qui a surpris les observateurs ne doit cependant pas leur faire tirer des conclusions hâtives et leur permettre de penser à un renversement d’alliance.
Mariage de la carpe et du lapin
« En politique, il n’y a pas d’amitié ou d’inimitié permanente. Seuls les intérêts sont permanents ». Cette citation que Didier Ratsiraka a fait sienne explique toute la complexité du jeu politique. Et elle justifie le réalisme dont peuvent faire preuve des hommes et des femmes qui se sont déchirés durant plusieurs années et qui semblent avoir oublié ce qui les séparait. Les trois anciens chefs d’Etat qui ont été mis au ban de la société par leurs adversaires respectifs ont fini par se réconcilier lors des assises nationales qui se sont déroulées à Ivato. Seul, le président de la transition n’avait pas voulu signer les accords conclus à l’issue de cette réunion. Marc Ravalomanana n’a pas été payé en retour malgré toute la bonne volonté qu’il a manifestée pour s’attirer les bonnes grâces du pouvoir. Il passe son temps à avaler des couleuvres et semble réduit à l’impuissance. Andry Rajoelina doit lui aussi se cantonner dans une opposition stérile puisque lui et ses partisans ne possèdent aucun moyen de peser sur le pouvoir. Certains analystes commencent donc à avancer qu’un rapprochement entre l’ancien président et son tombeur en 2009 est du domaine du possible. L’alliance entre leurs deux partis, le TIM et le MAPAR, serait donc en train de se concrétiser. Mais si cela est vrai, elle ne serait que de circonstance car le temps n’a pas encore complètement effacé les traces des querelles du passé. Dans le contexte actuel, il s’agirait du mariage de la carpe et du lapin et on verrait mal les deux partis s’accorder sur une vision commune pour Madagascar.
Patrice RABE