Madagascar est-elle sur la voie du redressement ? Le pouvoir en est persuadé et il le répète à l’envi ces derniers temps. Fort des succès des deux Sommets internationaux qu’il a organisés cette année et de la promesse faite par les bailleurs de fonds de débloquer dix milliards de dollars de crédit, le régime voit son avenir en rose et compte sortir le pays de la crise profonde où il se trouve depuis le début des années 2010. Et pourtant, en revenant sur cette année 2016, il n’a pas de quoi pavoiser. Les observateurs pourraient qualifier cette dernière d’ « annus horribilis » (« année horrible ») pour les Malgaches. Ces douze derniers mois ont vu la diminution dramatique du niveau de vie des habitants de la Grande Ile dont 80% vivent en dessous du seuil de pauvreté. Madagascar fait maintenant partie du peloton de queue des PMA et les médias internationaux insistent régulièrement sur cette caractéristique qui ne nous fait pas honneur du tout. Cette année 2016 a vu un certain raidissement du régime qui a empêché toute forme de contestation au point de réduire au silence une opposition pourtant décidée à dénoncer toutes les tares de ce dernier. Elle n’a pas été suivie par une population encore traumatisée par les années de crise vécues durant la Transition. 2016 fut l’année du nouveau code de la communication votée par les députés puis promulgué par le président de la République, mais fortement contesté par le monde de la presse. 2016 est l’année du délestage qui aurait dû disparaître d’après les dirigeants et qui a repris de plus belle et risque de gâcher le réveillon de la St-Sylvestre. La nation, cependant, continue à survivre grâce la compétence de certains serviteurs de l’Etat qui font régner une certaine orthodoxie dans la gestion des finances publiques. Ces derniers arrivent à maintenir le cap malgré les dérives constatés dans certains cercles proches du pouvoir.
Un monde qui a beaucoup changé en 2016. Sur le plan international, c’est tout un système qui a changé. Le Proche Orient a vu le changement de toute la géopolitique de la région. Le camp occidental a commencé à perdre son influence et a été supplanté par la Russie et l’Iran qui ont réussi à imposer Bachar Al Assad, dont les armées ont chassé les forces rebelles de la ville d’Alep. Le rapprochement qui se dessine entre la Russie et la Turquie conforte cette nouvelle configuratiion stratégique du Proche Orient.
En attendant l’entrée officielle de Donald Trump à la maison blanche. Personne n’aurait osé parier un sou sur son élection à la présidence des Etats-Unis au début de l’année 2016. Et pourtant, celui qui a été constamment moqué par l’establishment a réussi l’impossible : il est devenu le 45e président des Etats-Unis. Sa victoire a pris tout le monde de court. Le président Barrack Obama a fait bonne figure en le recevant à la maison blanche, mais lorsqu’il a appris les agissements de la Russie de Vladimir Poutine pour interférer dans le processus électoral américain et aider Donald Trump, il a promis des représailles à l’égard de ce pays.
Une Europe qui a changé. Le Royaume Uni a décidé de quitter l’Union Européenne et la décision d’une majorité de ses habitants a complètement changé la configuration d’une Europe qui compte 28 pays. Le poids de la Grande Bretagne sur les plans économique et politique entraîne une véritable réorganisation du système. Ce « Brexit » est en train de redonner de l’espoir à tous les partis qui espèrent remettre en cause la forme de l’Union Européenne telle qu’elle est actuellement.
2017 va être l’année du redressement, assure le régime. Ce dernier se dit prêt à mettre en chantier de nombreux projets qu’il a conclus avec des partenaires importants. La situation actuelle ne lui permet cependant pas de pavoiser. Les problèmes immédiats doivent être résolus. Le chemin à parcourir pour arriver à l’Eldorado promis est encore long et tortueux.
Patrice RABE