Communicateur, photographe et sportif, Renaud Rianasoa Raharijaona a créé le team Rianasoa avec une bande de copains. Il fait des photos mais aussi des photos de sport. Il nous partage une passion qu’il a eue depuis qu’il était petit.
Midi Madagasikara : « Racontez-nous vos débuts dans la photographie ».
Renaud Rianasoa Raharijaona : « J’ai eu une certaine fascination pour la photographie depuis mon enfance, et c’est ma grande soeur qui m’a offert mon premier appareil photo en l’an 2000. C’est en tant que journaliste que j’ai pu réellement développer ma passion pour la photographie en réalisant moi-même, à partir de 2004, les photos de mes reportages avec un compact HP avant de migrer vers un Canon G1. J’ai acquis petit à petit le matériel nécessaire, tout en apprenant en tant qu’amateur au contact de photographes chevronnés tels que Masy Andriantsoa, Rindra Ramasomanana, ou encore Toni Rasoamiaramanana. En 2013, j’ai créé la Team Rianasoa avec une bande de copains et mon petit frère. Ensemble, on prend du plaisir à réaliser des projets photographiques dans des secteurs d’activités très variés. Ça va du reportage de mariage aux portraits en studio en passant par des reportages sportifs. Pour être franc, autant je prends du plaisir dans différents styles photographiques, autant je m’amuse encore plus dans les photos de sports ».
M.M. : « Pourquoi avoir choisi en particulier de faire des photos de sports ? »
RRR : « Ça doit être lié au fait que j’adore le sport en général. Dans ma jeunesse, je pratiquais le basket-ball de façon intensive. Je m’arrangeais pour me procurer des magazines comme Mondial Basket. Je me procurais aussi des France Football, et des magazines spécialisés dans le sport auto. C’est en regardant les superbes photos de ces magazines que je me suis dit qu’un jour, j’essaierai de faire les mêmes photos. Aujourd’hui, quand l’occasion se présente, je prends mon matériel et je m’amuse à faire des reportages sportifs en photos. D’ailleurs, quand je fais des achats de matériels photographiques, je fais mes choix par rapport aux performances en mode sport et action. Quelque part, ma timidité a aussi fait le choix pour moi. C’est un peu le comble pour un photographe, mais j’éprouve parfois des difficultés à établir des contacts avec mes sujets. Une situation qui ne se pose pas souvent en photos de sport. Au même titre que mes études en Communication, la photographie m’aide à combattre la timidité. Une timidité qui m’a valu un temps le surnom de « l’homme qui ne rit jamais ». Aujourd’hui, je souris (sourire) ».
M.M. : Avez- vous une discipline préférée ?
RRR : « Sans hésiter, le rallye. Je ne pouvais pas y échapper, j’y baignais, d’une certaine manière, depuis mon enfance. Lorsque je suivais les frères Rakotondrabesa dans les années 90, je n’avais que mes yeux pour me souvenir. Aujourd’hui, j’ai mon appareil photo qui me permet de me souvenir, et de partager aux autres aussi. Au-delà de ce choix quasi naturel, les photos de rallye proposent des défis techniques qui sont « challengeant ». Et j’adore les challenges ! De plus en plus, je me tourne depuis un an vers les sports de combats. C’est une discipline que je trouve extrêmement photogénique. Là aussi il y a des défis à relever artistiquement parlant ».
M.M. : Comment vos photos de sports sont perçues par le public ?
RRR : « Avec beaucoup de diplomatie (rires). Plus sérieusement, j’ai publié mes premières photos de rallye en 2009. J’ai eu des retours très positifs, notamment sur Facebook, mais aussi des critiques qui m’ont permis de m’améliorer. Autant que faire se peut, j’essaie de donner une certaine vie à mes photos pour sortir des clichés habituels de photos de rallye. Les reportages que j’ai faits à chaque rallye m’ont par ailleurs permis de nouer des liens avec des pilotes, des officiels, des mécanos, et le monde du rallye en général. Depuis deux ans, la Team Rianasoa est devenue partenaire de l’association We Move Mada et du Club Asatana. Je pense que c’est une forme de reconnaissance qui indique que mes photos, et celles de la Team Rianasoa sont appréciées ».
M.M. : Quelles situations difficiles et incongrues avez-vous déjà vécu en prenant des photos de sport ?
RRR : « Je commencerai par la situation la plus incongrue, tellement ça m’a marqué. C’était à l’occasion du rallye Asatana 2012. J’étais à la recherche d’un angle de shoot différent au milieu de la spéciale du CEG Carion, et j’ai vu ce petit caniveau en plein dans un virage. Je me suis dit qu’en m’y glissant, je pourrais avoir un contre plongé intéressant. Seul problème, le caniveau me réservait des surprises pas très propres, et des odeurs pas très parfumées. Mais je n’ai pas regretté, ça m’a permis de prendre une belle photo du passage de Mathieu Andrianjafy, que j’ai encadrée depuis.
La situation la plus difficile, c’était à l’occasion du « Gala International de Kick Boxing Réunion – Madagascar » en 2011, au Palais des Sports. Dans des conditions en basse lumière et du matériel, à l’époque assez limité, il m’a été difficile de figer les actions et de capturer les expressions sur les visages des combattant lorsqu’ils encaissaient ou donnaient les coups. Mais c’était une très belle expérience ».
M.M. : Qu’est-ce qui est le plus dur dans la photo de sports ?
RRR : « La marche (rires). Si je prends un exemple sur le rallye, la marche est inévitable si on veut trouver les meilleurs spots. Sur la durée d’un rallye, on parcourt en moyenne quatre kilomètres par jour à pied. Mais il faut ajouter en plus, les quelques kilos de matériel que l’on porte sur le dos. Prendre les photos de rallye, c’est aussi un sport ».
M.M. : Peut-on en vivre, en faire un métier ?
RRR : « Faire de la photographie un métier, oui. Il y en a beaucoup à Madagascar, et de très bons photographes. Faire de la photographie de sports un métier, c’est un peu plus dur, je pense. Personnellement, je n’en vis pas, ça reste une passion. La photographie de sports, c’est un peu à l’image du sport en général au pays : il faut un métier en complément pour pouvoir en vivre. C’est sans doute la raison pour laquelle les photographes sportifs spécialisés sont assez rares au pays ».
M.M. : Quelles sont les récompenses ?
RRR : « Les sourires des gens. Voir les sourires des sportifs que je prends en photo, et les sourires de leurs fans, c’est ma récompense. L’une de mes récompenses aussi, ce sont les rires partagés avec les compères de la Team Rianasoa durant nos reportages de rallye. Ce sont des moments incroyables que je souhaite revivre encore, et encore. »
Recueillis par Anny Andrianaivonirina