
Le secteur privé est un des moteurs du développement économique. Du coup, une possible rupture du dialogue public-privé, provoquée par une décision irréfléchie risque de porter un coup fatal à la relance.
« Le gouvernement et l’APMF ont opté pour l’adoption du système Advanced Cargo Declaration ». Cette phrase, extraite de la note explicative du programme de mise en œuvre du code ISPS dans les ports malgaches parle d’elle-même, quant à la volonté du gouvernement malgache d’imposer son diktat pour faire revenir le très contesté système Advanced Cargo Declaration.
Mauvaise réputation. En effet, la note explicative parle à peine de la consultation du secteur privé maritime qui, pourtant est le premier concerné par ce système. Autrement dit, aucun dialogue préalable n’avait été réalisé avant que le gouvernement ne se décide à imposer de nouveau l’ACD. Un forcing qui risque en tout cas, de miner une fois de plus les relations entre le secteur privé et le gouvernement. Informé, d’ailleurs de cette tentative d’un nouveau coup de force de l’exécutif, certains opérateurs économiques n’écartent pas une nouvelle rupture du dialogue public-privé. La future contestation du secteur privé risque d’autant plus d’être extrêmement violente dans la mesure où l’ATPMS sera apparemment le prestataire du gouvernement dans ce retour de l’ACD. On rappelle notamment que le Béninois Jean Codo, le boss d’ATPMS est d’une très mauvaise réputation dans le milieu des affaires internationales.
Contesté. Cette nouvelle tentative d’imposer l’ACD est d’autant plus mal partie dans la mesure où une fois de plus, l’Agence Portuaire Maritime et Fluviale (APMF) et le gouvernement mettent en avant une évaluation de l’US Coast Guard des Etats-Unis à l’endroit de l’autorité maritime malgache pour justifier son forcing. Or, on rappelle que lors de la première mise en œuvre de l’ACD, l’Ambassade américaine avait formellement démenti l’existence de toutes corrélations entre l’ACD envisagée par ATPMS et les exigences des garde-côtes américaines. En somme, s’il est indéniable que la sécurité maritime est une nécessité, et mérite de faire l’objet de mesures efficaces, par contre, le fait d’imposer un système déjà contesté, qui plus est, piloté par une personnalité de mauvaise réputation, relève d’une mauvaise foi manifeste de la part de nos gouvernants.
Trésor de guerre. A moins que, comme le laissent entendre certains observateurs, ce nouveau forcing du gouvernement pour imposer l’ACD n’ait un quelconque lien avec l’approche des prochaines élections présidentielles. Une occasion pour les barons du régime de se constituer un trésor de guerre en vue de 2018. Car ce qu’il ne faut pas ignorer, c’est que derrière les belles théories avancées par le gouvernement pour défendre leur ACD, se cache un enjeu qui se chiffre par des millions d’euros. Car au bout, ce sont les opérateurs qui devront payer cash, les redevances de cette supposée sécurité portuaire. Une affaire à suivre.
R.Edmond