La déclaration du représentant de l’Union Européenne à propos de l’élection présidentielle de 2018 a été diversement accueillie par la classe politique malgache. Cette demande d’une élection sans exclusive ne semble pas avoir été appréciée par les partisans du régime qui parlent du respect de la souveraineté des Malgaches. Les mises au point du président national du HVM et du chef de l’Etat lui-même laissent penser que le régime entend bien fixer les règles de ce scrutin présidentiel de 2018.
Les règles du jeu de l’élection de 2018 encore très floues
Le scénario qui devrait se dessiner en toute logique est celui d’une élection avec trois challengers, Hery Rajaonarimampianina, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Si le jeu démocratique est respecté, le scrutin mettra aux prises ces trois poids lourds de la scène politique actuelle. Le régime appréhende cette confrontation dont l’issue pourrait ne pas lui être favorable. Ses adversaires craignent à tort ou à raison qu’il fera tout pour empêcher les deux anciens présidents de se présenter. Les trois années qui se sont écoulées depuis l’accession de Hery Rajaonarimampianina à la magistrature suprême ont été plutôt ternes et ne lui laissent pas espérer de bénéficier de cet avantage apporté par la mise à sa disposition de tous les rouages du pouvoir. Le capital de sympathie dont il pouvait jouir au début a disparu et il a laissé place à une véritable lassitude de la population. Le cycle contestation –répression qui a rythmé ce quinquennat a définitivement plombé l’atmosphère politique. Les analystes peuvent donc penser que les deux principaux challengers du président sortant ont toutes les chances de le faire trébucher dès le premier tour. Mais les mêmes analystes constatent que les membres de l’équipe entourant le chef de l’Etat sont en train de chercher tous les artifices juridiques nécessaires pour empêcher cela. La déclaration du représentant de l’Union Européenne a eu le don de froisser les thuriféraires du pouvoir. Cette réaction outrée ne devrait cependant pas porter à conséquence, car les règles du jeu de cette élection de 2018 sont encore très floues.
Patrice RABE