C’est certainement avec soulagement que les autorités ont vu les précipitations abondantes du week-end dernier gonfler les cours d’’eau de la Mandraka. Les turbines de la centrale hydroélectrique d’Ankadekaleka tournant à plein régime, le problème du délestage à Tana est donc pour l’instant résolu. Les habitants de la capitale ont donc pu vaquer à peu près normalement à leurs occupations sans ces coupures de courant particulièrement irritantes. Pour le pouvoir, il s’agit de la résolution d’un problème qui aurait pu avoir de graves conséquences s’il avait encore persisté. Mais, il n’est pas pour autant tiré d’affaires, car la Jirama est tributaire de l’évolution des conditions climatiques. L’atmosphère qui règne actuellement ne lui permet pas de pavoiser, car le retour sur le devant de la scène du MAPAR est en train de rebattre les cartes du jeu politique. La condamnation du sénateur Lylison à un an de prison est apparue comme une réponse maladroite à cette nouvelle donne. La réponse des partisans d’Andry Rajoelina ne s’est pas faite attendre et les mots utilisés ont été parfaitement pesés. Mais, au-delà de l’indignation exprimée, c’est l’attitude digne des orateurs qui a marqué leur intervention. Le MAPAR se comporte comme un parti dont les membres ne manient pas l’invective, mais savent argumenter. Le régime, pour le moment, est obligé d’improviser, car les problèmes surviennent au fur et à mesure. Le chef de l’Etat, lui-même, n’est pas sûr de la manière d’agir de son équipe. On a l’impression de voir un attelage tiré à hue et à dia par des collaborateurs voulant tirer chacun la couverture à soi. La rumeur d’un possible désistement d’Hery Rajaonarimampianina à l’élection présidentielle de 2018 se fait de plus en plus persistante et aiguise les ambitions des uns et des autres.
Sur le plan international, le président Donald Trump semble avoir modéré son comportement après la série de revers qu’il a enregistré sur le plan intérieur. Ses propos très conciliants envers le Japon lors de la visite officielle de son premier ministre contrastent avec ceux qu’il avait tenus après son élection. Il a fait des déclarations favorables au gouvernement israëlien durant la conférence conjointe avec Benyamin Netanyaou, mais il s’est gardé de mettre au rebus la notion de deux Etats, israëlien et palestinien. Il a pris acte du jugement de la cour de San Franisco retoquant son décret sur l’immigration. Il a subi un véritable camouflet après la démission de son conseiller à la sécurité nationale. Dans un tout autre domaine, les médias internationaux s’intéressent de plus en plus à la précampagne présidentielle française qui voit se dessiner un scénario étonnant avec un candidat à l’avenir incertain. L’actualité est aussi marquée par cet attentat sanglant qui a fait des centaines de morts au Pakistan et qui a été revendiqué par l’Etat Islamique.
L’affaire Fillon toujours au centre de l’actualité. François Fillon pensait qu’il pourrait se débarrasser très vite de cette affaire d’emplois fictifs concernant sa femme et ses enfants. Mais malgré tous ses efforts pour recentrer le débat sur son projet présidentiel, il est obligé de rester sur la défensive. Le parquet financier ne compte pas classer son dossier sans suite. Il continue à être contesté par les citoyens et doit composer avec des élus de son propre camp qui le poussent à renoncer.
L’élection présidentielle de 2018 reste au centre des préoccupations de tous les hommes politiques. Elle vicie quelque peu une atmosphère déjà plombée par les difficultés rencontrées par la population. Les ambitions se manifestent et mettent à mal ce semblant de sérénité qui règne dans le pays. Les propos tenus par le chef de l’Etat ne dissipent pas ce climat délétère en train de s’installer.
Patrice RABE