La campagne électorale est mise en marche. Comme il a été décrit dans une chronique précédente, la machine de propagande est déjà en route depuis quelques mois. Des associations d’appel à la candidature de l’actuel président commencent à se faire entendre ici et là. Et comme on dit, qu’en Afrique, on n’organise pas des élections si on n’est pas sûr de les gagner, on fait en sorte que tous les atouts soient en main. Et quand bien même si les bailleurs de fonds internationaux brandissent des menaces dans le cas de consultations non inclusives, les tenants du pouvoir et consorts rétorquent : Madagascar est un pays souverain et n’admet aucune ingérence étrangère dans les modalités du scrutin. Propos qui annoncent déjà des actions pseudo-juridiques visant à écarter les deux vrais protagonistes de la crise de 2009 Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana. Il est vrai que sans ces deux derniers, l’étroit chemin qui mène à la victoire du sortant devient un grand boulevard.
Ainsi, il est fort à parier que des voix « représentatives du peuple» vont se succéder pour haranguer des « foules » acquises à cette cause. Les semaines à venir seront celles d’une campagne de communication en faveur du réveil national, du « Madagascar aux Malgaches » et la commémoration du soixante-dixième anniversaire des évènements de 1947 sera le podium idéal pour prôner cette souveraineté.
Si l’état du pays est devenu ce qu’il est, c’est parce que « le suicide national » provoqué par les appétits outranciers de pouvoir a été toujours présents. Point n’est besoin d’être futurologue ou politologue pour savoir que l’on s’achemine vers des crises pré et postélectorales voire même une guerre civile car la résilience (résistance aux chocs) du peuple a ses limites. Puis, on dira ce qu’on voudra mais n’ayons pas la mémoire courte quand il y a seulement quelques semaines nous avons fait des pieds et des mains pour obtenir des accords lors de la conférence des bailleurs de fonds et des investisseurs et que maintenant, on fait comme si rien n’a été convenu sur l’Etat de droit et la bonne gouvernance. Quant à la souveraineté nationale ? Il y a belle lurette que des « experts » de la Banque mondiale, du FMI ou d’autres sources de financements ont des bureaux qui juxtaposent ceux de nos ministres pour contresigner les chèques, et alors quid de notre orgueil?
M.Ranarivao