Les maires non HVM des grandes villes de Madagascar sont sérieusement menacés de destitution, et ce à l’approche des échéances électorales de 2018.
Le train de la destitution est en marche. Il était parti de la commune urbaine d’Antsiranana où le maire Djaovojozara Jean Luc Désiré, élu sous les couleurs du Mapar, a fait l’objet d’une suspension d’un mois. La tentative n’a pas abouti au résultat attendu par ses adversaires politiques, car ce maire de l’opposition n’a pas été finalement remplacé par un PDS. Après Antsiranana, le train était passé à Antsirabe, la deuxième grande ville de Madagascar. La suspension du maire indépendant Paul Razanakolona a été votée par 8 (Oui) conseillers municipaux contre 7 (Non). Le maire suspendu par le conseil municipal est encore en place parce que le ministère de l’Intérieur n’a pas encore dit son mot. Après Antsirabe, le train de la destitution a mis le cap sur Mahajanga où la suspension de l’autre maire Mapar Mokhtar Andriatomanga a été votée par le conseil municipal, avec le même score : 8 oui et 7 non. Et pas plus tard qu’hier, on a appris que le maire de Toamasina Elysée Ratsiraka est autrement menacé de destitution.
Voie judiciaire. L’élu du Mapar n’a pas fait l’objet d’un vote de suspension par le conseil municipal. Ses adversaires ont choisi une voie judiciaire pour « abattre » lui et ses collaborateurs à la mairie du Grand Port. Actuellement, le maire Mapar et son premier adjoint font l’objet d’un mandat d’arrêt délivré par le parquet du tribunal de première instance de Toamasina. Portant la référence « IST- 1121- RP/17/EO/PR/FR » en date du 03 mars 2017, ce mandat d’arrêt fait suite aux actes de violence perpétrés par des « gros bras » de la commune urbaine de Toamasina. D’après nos sources, le maire Elysée Ratsiraka est encore absent du territoire national. A la différence de ses collègues actuellement menacés de destitution, le maire Mapar du Grand Port risque d’écoper d’une condamnation judiciaire qui aboutirait inéluctablement à son remplacement par un PDS (Président de Délégation Spéciale).
Longue procédure. Si la voie judiciaire est un raccourci pour frapper d’une suspension un maire en exercice, la procédure s’avère longue s’il s’agit de déclencher le processus de destitution par le vote du conseil municipal. En effet, il faut le vote du conseil. Si la suspension d’un maire est adoptée au niveau de cet organe délibérant de la commune, la délibération est transmise au représentant de l’Etat compétent (préfet de police ou préfet de région) pour contrôle de légalité. Si ce dernier estime que l’acte est entaché d’illégalité ou d’irrégularité, il l’annule. Sinon, il délivre un certificat de non-recours et saisit le ministère de l’Intérieur qui prononce par arrêté une suspension d’un mois pour le maire incriminé. A l’expiration de ce délai, le Premier ministre peut prolonger la suspension de trois mois. Il incombe au conseil des Ministres de décréter la suspension définitive d’un maire et de le remplacer par un PDS. En tout cas, d’après des indiscrétions, Toamasina ne serait pas le terminus du train infernal de la destitution.
R. Eugène