L’indépendance de Madagascar a été l’objet des mouvements menés par les « Tia Tanindrazana » durant l’année 1947. La date du 29 mars marque à cet effet l’amour des Malgaches pour leur patrie qui était encore sous les jougs de la France… Force est toutefois de l’admettre, le pays est « indépendant de papier », mais complètement « dépendant des pays étrangers », et ce, dans différents secteurs pour ne pas dire dans tous.
Menée par des durs du Parti nationaliste légaliste MDRM où Mouvement Démocratique pour la Rénovation Malgache, l’insurrection de la nuit du 29 mars 1947 avait pour but « un Madagascar indépendant ». Ce qui devait se traduire par un « État malgache internationalement reconnu siégeant à l’ON ou encore une possibilité pour les fonctionnaires de prendre en charge la gestion du pays en remplacement de la coûteuse administration coloniale ». Une lutte qui s’est soldée par des milliers de pertes humaines sans pour autant avoir abouti à quelque chose de palpable. Et le 26 juin diraient certains ? Pour de nombreux observateurs de la vie publique, la déclaration d’indépendance en date du 26 juin 1960 ne reste ni plus ni moins qu’une « déclaration ». Car pour Amand Braud un habitant de la Capitale, la vie, dans toutes ses facettes, des Malgaches est encore sous la dominance des étrangers. Amand Braud d’ajouter qu’actuellement, « le rôle de colon n’est plus attribué spécifiquement aux Français, mais à des étrangers ». Et dans cette histoire de présence, les étrangers sont bel et bien à Madagascar (au sens propre comme au figuré). Si l’on ne cite que la présence d’assistants techniques français au niveau du commandement de la défense malgache. Une situation qui ne permet pas à Madagascar de conclure des accords de coopération de défense avec des pays asiatiques (ou d’autres encore) sans l’aval de la France.
Economie. L’une des revendications des patriotes malgaches lors des mouvements de libération consistait également à une indépendance économique du pays. Or, la réalité est tout autre, car le tissu économique repose sur des capitaux étrangers. En effet, les grandes sociétés qui réussissent à s’imposer sur le marché national sont, dans la majeure partie des cas, à capitaux étrangers. Le peu de société fonctionnant avec des capitaux malgaches et pouvant se développer en est une bonne illustration. Par ailleurs, la relation avec les bailleurs de fonds démontre une dépendance profonde aux aides étrangères. Le fait que les dirigeants quémandent chaque fois auprès des investisseurs illustre bien la situation.
Quid de l’indépendance culturelle
L’un des spectres de la colonisation qui hante toujours sur les Malgaches est la dominance de la langue française dans sa vie quotidienne. De telle sorte que la connaissance de cette langue est perçue par de nombreux malgaches comme une sorte d’indication sur le niveau social ou le standing de vie. Une situation qui tient son origine de l’incapacité des dirigeants qui se sont succédé d’imposer la langue malgache comme étant la première langue officielle et administrative. Quelques modifications comme l’ajout d’autres langues comme l’anglais en plus du français ont été faites mais on n’est pas encore venu au stade où le malagasy est devenu la langue utilisée dans les administrations. Outre ce fait majeur, l’omniprésence des cultures étrangères dans la vie quotidienne des Malgaches et l’incapacité de ces derniers à valoriser les leurs figurent également parmi les séquelles de l’ère coloniale.
Rien que de l’histoire : Haut du formulaire
Aussi importants qu’ont été les évènements nationalistes menés par les dirigeants du mouvement démocratique pour la rénovation malgache, l’épisode des insurrections de 1974 est resté comme étant de l’histoire ancienne pour de nombreux Malgaches. En effet, si certains ne savent pas exactement ce qu’il en était, d’autres se contentent juste du fait que cela s’est passé dans le passé, qu’il y a eu des pertes humaines et que c’est à cause de ces initiatives que le pays à retrouver son indépendance (semblant). Et les cours enseignés dans les classes et traitant du thème ne permettent pas aux élèves de connaitre leur propre histoire. Conséquences, les jeunes Malgaches ne se sentent pas concernés par les affaires concernant leurs pays.
Commémoration. Bons nombres de Malgaches l’avaient remarqué hier, la commémoration des 70 ans de l’insurrection de 1947 ne s’est pas faite comme il le fallait. Il y a, certes, eu des discours officiels et des déplacements des personnalités dites « manam-pahefana » dans des endroits spécifiques comme Tsiadana, Mausolée ou encore Ambohijatovo pour l’évènement pour marquer la journée mais le quotidien a vite repris son cours une fois ces faits et gestes protocolaires terminés. Étant donnée les pertes humaines enregistrées durant ces années sombres du pays, la journée du 29 mars devrait être décrétée comme étant une journée de deuil nationale. Dans le cas où cela est impossible et sans pourtant sombrer dans le sentimentalisme, la commémoration devrait être effectuée d’une façon plus conséquente. De plus, il serait peut-être temps d’élucider tout le mystère qui a entouré cet épisode de la vie du pays pour qu’enfin tout malgache connaisse la vraie histoire. Car on le sait, un peuple qui ignore son histoire est voué à se perdre.
29 mars 1947 : Quelques chiffres clés
5. L’insurrection du 29 mars 1947 devait se déclencher dans cinq villes clés, à savoir : Moramanga, Manakara, Fianarantsoa, Antananarivo et Antsiranana. Les assauts devaient être menés vers 22 h dans chaque ville.
200. En réponse aux actions de déstabilisation, le gouvernement colonial s’est attelé à arrêté les membres connus du MDRM. À cet effet, 200 prisonniers étaient fusillés suite aux évènements.
2500. Le nombre de personnes qui ont péri dans la ville de Moramanga suite à une opération de trois jours effectué par des renforts envoyés par le gouvernement colonial sur les lieux.