
A l’annonce de sa mise en détention préventive, la patronne de l’hôtel « A&C » Ivato s’est évanouie.
La nouvelle a été reçue comme un coup de massue dans les rangs des partisans du « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara ». Les juges d’instruction au niveau de la Chaîne pénale anti-corruption ont prononcé le placement sous mandat de dépôt du Conseiller spécial du président de la République, Claudine Razaimamonjy. A l’annonce de sa mise en détention préventive, vers 17h30, la patronne de l’hôtel « A&C » Ivato s’est évanouie. Elle n’a certainement pas supporté l’idée de séjourner à Antanimora. Les agents du Bianco en charge de l’affaire ont donc décidé de faire appel à des médecins. Et ce, conformément aux textes en vigueur. Il était 18h15 minutes lorsque Claudine Razaimamonjy a été évacuée sur civière et sous forte escorte policière. Alors que les agents du Bianco ont exigé qu’elle soit d’abord présentée à Antanimora conformément à la procédure légale, ses avocats auraient décidé de l’amener tout de suite au service des urgences de l’hôpital HJRA. Elle aurait tout de suite passé un examen de scanner à l’Institut Médical de Madagascar (IMM). Une source médicale a fait savoir qu’elle a fait une hypertension artérielle.
« Bailleur de fonds ». A l’instant où nous mettons cet article sous presse (ndlr : 22h), Claudine Razaimamonjy est toujours à l’hôpital HJRA où l’on a aperçu quelques grandes figures du régime, telles que le Conseiller spécial à la Présidence, Nicole Andrianarivoson, l’ancien Directeur de Cabinet de la Présidence, Henry Rabary-Njaka, le Sénateur Riana Andriamandavy VII et le ministre des Postes et des Télécommunications, Neypatraiky Rakotomamonjy. Connue et reconnue par les observateurs comme le « bailleur de fonds » du parti au pouvoir, Claudine Razaimamonjy semble avoir été lâchée par ses compagnons de lutte. Comme tous les prévenus qui bénéficient d’une évacuation sanitaire, la patronne de l’hôtel « A&C » est également surveillée par des agents pénitenciers. De nombreux éléments de l’Emmoreg et des forces spécialisées de la police et de la Gendarmerie nationale ont également été mobilisés pour renforcer la sécurité de l’hôpital HJRA.
Subventions exceptionnelles. A noter que Claudine Razaimamonjy a été placé sous mandat de dépôt pour les deux premiers dossiers lui concernant. De sources bien informées, d’autres affaires sont encore en cours de traitement au niveau du Bureau indépendant anti-corruption. La clôture de ces dossiers ne serait pas encore possible pour des raisons purement techniques et opérationnelles car ils nécessiteraient des expertises et des vérifications sur terrain. D’autant plus que d’après nos sources, le Conseiller spécial du président ne répondait plus à aucune des questions posées dans le cadre de ces enquêtes. En ce qui concerne les dossiers déférés hier au parquet de la CPAC, le premier a été traité par la branche territoriale d’Antananarivo suite à une doléance reçue rapportant des faits suspectés de corruption et de détournement de deniers publics perpétrés par des responsables auprès du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation concernant l’octroi de subventions exceptionnelles d’un montant de près de 150 millions d’Ariary pour l’année 2014 et de 200 millions d’Ariary pour l’année 2015 à la Commune rurale d’Ialananindro, dans le District de Fianarantsoa II, Région Haute Matsiatra. Les investigations du Bianco ont permis de confirmer la véracité des faits dénoncés.
500 millions d’Ariary. Pour ce qui est du second dossier, il a été traité par la branche territoriale de Fianarantsoa suite à une doléance reçue en 2016. Un dossier identique au premier car il concerne également la gestion des subventions exceptionnelles de 150 millions d’Ariary destinées à la Commune de Mahasoabe, District de Fianarantsoa. Cette somme devait servir à la réhabilitation du bureau de la Commune. Rien que pour ces deux dossiers donc, Claudine Razaimamonjy est soupçonnée d’avoir détourné 450 millions d’Ariary. Avec 5 autres complices, elle est inculpée de favoritisme dans l’attribution de ces marchés publics, détournement de deniers publics, abus de fonction et blanchiment d’argent. A noter qu’une autre personne présentée hier devant le parquet de la Chaîne pénale a également été placée sous mandat de dépôt à Antanimora. Un autre individu est hospitalisé depuis jeudi mais il s’est fait représenter hier à la CPAC, tandis que trois autres personnes sont en cavale et recherchées dans le cadre de cette affaire. Selon les informations qui ont circulé depuis hier soir, les avocats de Claudine Razaimamonjy envisageraient de demander une évacuation sanitaire à l’étranger. Bon nombre d’observateurs soupçonnent une stratégie pour échapper à la Justice. Quoiqu’il en soit, cette affaire risque de diviser les partisans du « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara ». Les « zanak’i Fianara » seraient fâchés contre les tenants du pouvoir. Ils accusent ces derniers de n’avoir rien fait pour éviter cette incarcération.
Davis R