Par rapport au projet « suicidaire » du ministre de l’Education nationale, Paul Rabary, de fermer 16 écoles à tendance coranique dans tout Madagascar, les musulmans n’hésitent guère à afficher leur mécontentement. Hier, au restaurant Telozoro Andrefan’Ambohijanahary, ils ont donné des leçons au ministre. « Evitez de faire l’amalgame entre enseignement général et Religion », lit-t-on tout juste au premier point de leur communiqué. Mais ce n’est pas tout. Ils appellent Paul Rabary à « ne pas s’enfermer dans une dimension sectaire et ségrégationniste en tant qu’homme d’Etat malgache ». En effet, d’après les allégations du ministre, les écoles concernées inculqueraient cinq heures de cours de Coran par semaine. Et lui de poursuivre que « les écoles religieuses n’existent pas à Madagascar, mais si l’on veut devenir prêtre, il faut intégrer une école séminariste et non un établissement scolaire ».
Laïcité de l’Etat. Quoi que le ministre de l’Education Nationale – qui est également un sociologue – ait pu dire, la Constitution en son article 2 reconnaît voire impose le principe de la laïcité de l’Etat qui prône « la séparation des affaires de l’Etat et des institutions religieuses ». « Il ne faut pas bafouer l’effectivité de la Loi Fondamentale dans toute sa dimension et il faut s’en tenir aux dispositions des textes en vigueur dans le pays », avertissent-ils. Pour eux, le ministre Paul Rabary a désacralisé l’Islam. D’ailleurs, la question selon laquelle il est islamophobe a été posée. « Il faut mettre un terme au phénomène de banalisation de diabolisation qui gagne du terrain actuellement dans le pays. Nous n’avons jamais vécu une désacralisation des religions auparavant. On n’a jamais rencontré des violences pareilles à l’endroit des religieux et des religieuses catholiques que durant ce régime », a fait remarqué l’un des conférenciers. Par ailleurs, les musulmans fustigent également le fait que « non seulement la décision de Paul Rabary porte atteinte à l’Islam, mais surtout que cela a été prononcé un vendredi, un jour qui est très important pour les musulmans. Il devrait le savoir en tant que sociologue ». Que veulent-ils par voie de conséquence ? Ils souhaitent que le ministre « accepte un face à face médiatique afin d’éclairer l’opinion nationale et internationale avec un représentant de la communauté ». Affaire à suivre.
Aina Bovel