Défini par la plupart des études comme étant le temps écoulé entre la sortie de l’école (soit l’obtention du diplôme, soit par l’abandon) et le premier emploi régulier, la transition vers la vie active est une étape complexe et difficile pour de nombreux jeunes malgaches. Et les causes son nombreuses. Se trouve en premier lieu, un marché de travail difficile d’accès aggravé par l’inadéquation de la formation au monde professionnel. Par ailleurs, la transition vers la vie active est précoce pour un certain nombre de jeunes malgaches. En particulier, pour ceux qui ne sont pas dans le système éducatif et qui se voient être obligés d’intégrer assez tôt le monde professionnel. Car, il faut bien s’occuper et le travail, qu’il soit satisfaisant ou non, et/ou régulier, en constitue un meilleur moyen. Ainsi, la définition de la transition vers la vie active dépend elle aussi de celle de l’emploi régulier. Ce dernier diffère toutefois d’une étude à l’autre, d’un pays à l’autre et peut être qualifié comme étant le premier emploi caractérisé par un contrat type.

Aperçu global de la situation des jeunes. D’après le rapport sur l’enquête sur la transition vers la vie active menée par le Bureau International du travail ETVA-Madagascar 2013, trois facteurs définissent la situation actuelle des jeunes malgaches. Il y a d’abord le chômage qui concerne plus les jeunes femmes, avec un taux de chômage de 1,4% que les jeunes hommes (taux de chômage de 1,1%). Ce rapport démontre également qu’à l’année 2013, 1,3% des jeunes appartenant à la vie active étaient au chômage (un pourcentage qui a pu s’aggraver étant donné la conjoncture actuelle). Ce fort taux de chômage chez les jeunes femmes s’expliquerait par le poids de la culture qui les oblige (encore et toujours) à assurer la « fonction de femme au foyer ». La position vis-à-vis de l’école qui est un point de discrimination y est aussi pour quelque chose. En effet, « presque aucun des jeunes jamais scolarisés n’est au chômage alors que 2% de ceux qui ont achevé leurs études en souffrent », lit-on dans l’ETVA-Madagascar 2013. Une situation qui démontre l’inadéquation entre la formation acquise et le marché du travail. Le même rapport d’ajouter que quatre jeunes sur dix (soit 39,6%) déclarent que la formation qu’ils ont reçue a été utile ou adaptée à l’exercice de leur emploi actuel. 48,4% des jeunes actifs déclarent en revanche le contraire, ils sont confrontés à des lacunes dans leurs connaissances ou leurs capacités. Ce qui les oblige à trouver des suppléments de formation afin de combler les lacunes. Classant ce manque de compétence aux premiers rangs des facteurs de blocage chez les jeunes actifs. La situation globale des jeunes malgaches est également marquée par un chômage de longue durée. En effet, six chômeurs sur dix ont passé plus d’un an au chômage si seulement 18,9% n’y passent que moins de trois mois.
L’agriculture, un issu au marché du travail saturé ? Une réussite professionnelle doublée d’un épanouissement personnel, tels sont ceux à quoi aspirent les jeunes malgaches. En effet, « les préoccupations matérielles et le besoin de sécurité pour la famille constituent un blocage » pour la majeure partie de ces jeunes qu’ils soient travailleurs ou en quête d’un emploi. Ainsi, gagner beaucoup d’argent se trouve être un but ultime pour les jeunes actifs si la réussite professionnelle (et également le gain d’argent) constitue la préoccupation des chômeurs. Ces objectifs sont plus difficiles à atteindre étant donné un marché du travail victime des aléas du climat socio-économique du pays. Par ailleurs, le rapport ETVA-Madagascar 2013 révèle que les activités professionnelles se concentrent surtout en milieu rural qu’urbain. En effet, le rapport stipule que 82,7% du taux d’activité global des individus potentiellement actifs (qui lui est de 63,3%) résident dans les campagnes. Alors que chez les populations urbaines, ce taux d’activité est de 56,4%. La prédominance des activités agricoles se trouve en premier plan quant aux conséquences de cette concentration des populations actives en milieu rural. Ce que l’analyse de la structure des emplois par branche d’activité (ENEMPSI-2012) confirme, selon lequel « 75,8% des emplois créés à Madagascar se trouvent dans le secteur primaire qui n’est autre que l’agriculture ». Ce qui met le secteur agricole au premier rang dans la création d’emplois dans la Grande Ile mais surtout dans la vie économique du pays.

Les options qui s’offrent aux jeunes. Trouver de l’emploi est la première préoccupation lorsque l’on est au chômage. Les moyens employés par les jeunes sont assez nombreux. Entre autres, l’inscription à une agence pour l’emploi, la soumission de candidature ou encore la participation à des entretiens d’embauche. Mais par les temps qui courent, trouver un travail n’est pas chose aisée. Ce qui oblige les jeunes à user du népotisme en mobilisant leur réseau de connaissance. « Familles, relations personnelles, amis ou juste une personne que l’on connait, on les contacte en espérant qu’ils puissent nous dégoter un boulot » résume Hery avec regret. En effet, le quotidien des jeunes malgaches est tel que tous les moyens sont bons pour avoir un emploi stable de quoi assurer la sécurité de la famille. Le paiement d’écolage pour intégrer l’administration publique au vu et au su de tout le monde constitue une parfaite illustration. Les candidats recalés se retrouvent, dans la majeure partie des cas, dans le secteur informel. Ce dernier qui prolifère mais qui est peu rémunéré. Le rapport ETVA-Madagascar 2013 souligne d’ailleurs que neuf jeunes travailleurs sur dix sont dans l’emploi informel et que six sur ces dix jeunes travaillent en dessous de la rémunération moyenne (le salaire moyen état estimé à 98 700 ariary). Par ailleurs, l’emploi indépendant constitue une échappatoire pour les jeunes. Bien qu’encore faible, le taux de jeunes ayant créé leurs propres entreprises est encourageant. Selon l’ETVA-Madagascar 2013, les jeunes de niveau secondaire n’ayant pas achevé la scolarité primaire sont ceux qui ont créé le plus leur entreprise. Ce qui s’explique par la difficulté d’accès à un poste de salarié. En effet, la moitié des jeunes entrepreneurs affirme l’avoir fait à défaut d’emploi salarié mais surtout pour être indépendant(ne pas être sous ordre d’autrui). Beaucoup d’obstacles empêchent toutefois la concrétisation des projets des jeunes. Outre le problème d’ordre financier, le manque d’expérience (de compétence) est aussi un frein à ce rêve de « s’envoler de ses propres ailes ».

Caractéristiques de la transition vers la vie active. Différents facteurs expliquent la progression des jeunes malgaches vers la vie active. Entre autres, la sortie précoce du système éducatif. Une sortie qui se fait parallèlement avec une entrée progressive et massive dans les activités professionnelles et économiques. Lesdites activités correspondant à des emplois peu qualifiés. En effet, le rapport ETVA-Madagascar 2013 note que « 72,2 des jeunes qui ne sont pas régulièrement inscrits dans le système éducatif travaillent à plein temps ». La proportion des travailleurs non-étudiants est donc très élevée par rapport à celle des autres pays de l’Afrique Subsaharienne. Ainsi, on distingue trois phases types de la transition vers la vie active pour le cas des jeunes malgaches. La première correspond à la phase dite transitée qui correspond à un jeune qui occupe actuellement soit un emploi stable et satisfaisant, un emploi stable mais non satisfaisant, un emploi satisfaisant mais temporaire ou enfin, un emploi indépendant satisfaisant. Une phase qui se concentre surtout en milieu rural. La deuxième phase, la transition, quant à elle fait part d’un cas de jeunes qui est actuellement sans emploi ou occupe actuellement un emploi (temporaire) mais non satisfaisant. Cette phase correspond également à un cas de jeune travailleur indépendant et insatisfait. Elle implique également la situation de jeunes qui se retrouvent dans l’inactivité et non salarié. Ces jeunes étant à la recherche ou encore ayant des idées de recherche de travail.
Dossier réalisé par José Belalahy