La crise de confiance entre les citoyens et les dirigeants devient un problème africain. Le non-respect des valeurs est observé au niveau des institutions.
« La citoyenneté et la participation à la vie publique ». Tel a été le thème retenu lors d’un séminaire organisé par les anciens étudiants de CIEDEL (Centre International d’Etudes et de Développement Local), un Institut de formation au sein de l’Université catholique de Lyon, pendant cinq jours à Le Hintsy. Cette année, Madagascar abrite leur réunion. Cinq pays y ont été représentés, à savoir, le Bénin, le Tchad, la Mauritanie, Madagascar et la France. « C’était une occasion d’analyser les expériences et la pratique de la participation citoyenne à la vie publique dans chaque pays », a expliqué Christophe Mestre, formateur de CIEDEL. Pour le cas de Madagascar, l’application du budget participatif au niveau communal a été évoquée comme modèle de réussite en matière de participation citoyenne à la vie publique.
Consultations publiques. Les participants à ce séminaire ont d’ailleurs pu visiter la commune d’Ambalavao pour constater de visu cette pratique. « Nous étions impressionnés par la qualité de la gestion publique et la démarche de participation citoyenne mises en place par le Maire. Ce qui permet d’avoir un dialogue de qualité entre les dirigeants et les habitants », a raconté ce formateur français. Notons que 104 communes sur les 1502 communes à Madagascar appliquent actuellement le budget participatif. « C’est une réussite car la population locale se sent vraiment impliquée dans la gestion des affaires publiques. Quant elle paie les impôts locaux, les investissements réalisées par sa commune sur financement des recettes fiscales et les autres ressources correspondent bien à ses attentes », a expliqué Parfait Randrianitovina, un ancien étudiant de CIEDEL. En outre, la mise en œuvre d’un nouveau projet fera toujours l’objet des consultations publiques. Ce qui contribue au développement local.
Valeurs locales. Néanmoins, « il y a encore une défiance entre les autorités et les habitants en général comme en France, depuis la crise à Madagascar. En fait, il y a un réel développement si les habitants assument leur rôle de citoyen en votant et en payant les impôts, entre autres, tandis que l’Etat doit effectuer ses obligations en fournissant des services publics efficaces et en utilisant à bon escient les recettes fiscales en fonction des besoins de la population », a précisé Christophe Mestre. Force est de reconnaître que la crise de confiance entre les citoyens et leurs dirigeants devient un problème africain. « Cette crise de confiance est due au manque de citoyenneté car les citoyens sont déçus de la gestion des biens publics par les élus et les ministres ou bien insatisfaits des services offerts par l’Etat. La non- application de la loi sur la corruption entraîne également une sorte de frustration car il y a des gens corrompus qui ne sont jamais sanctionnés. Il semble que les malheurs viennent des élites du pays », a soulevé Gérard Babalola Lalèyè, Chargé de programme de la Coopération Suisse. Comme solution, cet ancien étudiant béninois de CIEDEL propose d’arrimer les institutions aux valeurs locales car il n’y a pas de modèle universel.
Navalona R.