C’est une nouvelle orientation que le président Hery Rajaonarimampianina veut donner à sa politique, en annonçant sa volonté de ne pas dépendre des bailleurs de fonds traditionnels. Le langage tranche avec celui qui a été employé dans le passé et il a le mérite de ne pas employer de faux fuyants. Aujourd’hui, le chef de l’Etat veut des relations « gagnant-gagnant » et non plus soumises à des conditionnalités contraignantes.
Vers un changement d’orientation de la politique du chef de l’Etat
Le discours du président de la République prononcé avant le repas d’Iavoloha a été des plus classiques. On retiendra essentiellement l’appel à la prise de conscience de tous pour redresser la situation du pays. Mais c’est en dehors du cadre officiel qu’il s’est exprimé sur la politique qu’il entend mener dorénavant. Des financements ont été promis pour redresser la situation économique du pays, mais ils sont soumis à des conditionnalités que le régime ne peut pas respecter. Jusqu’à présent, aucun décaissement n’a été fait. Les bailleurs de fonds traditionnels refusent les octrois de subventions faites à la Jirama ou à Air Madagascar. Et pourtant, le pouvoir en place ne se résigne pas à suivre ces injonctions car il y va de sa survie. C’est donc la raison qu’il a commencé à se tourner vers des sources de financement différentes. Tout cela n’est pas dit directement, mais on le comprend à demi- mot. Le premier personnage de l’Etat n’hésite pas à demander le respect de la souveraineté nationale. Dorénavant, il va se dégager du tête-à-tête contraignant dans lequel le pays se trouve et qui ne lui permet pas d’engager des opérations de développement nécessaires. Il a décidé de faire appel à des investisseurs avec qui il aura des relations mutuellement avantageuses. Pour l’instant, les ponts ne sont pas rompus avec les bailleurs de fonds traditionnels, mais ces derniers vont certainement réagir en conséquence. Le régime est las d’attendre et il engage une course de vitesse avec ses adversaires politiques. Il a l’œil rivé sur l’élection présidentielle de 2018 et il a besoin de résultats.
Patrice RABE