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jeudi, juillet 3, 2025
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Portrait – Fidy Manantsoa Randrianarivelo : L’ambassadeur des sourds à Madagascar

Fidy Manantsoa avec ses collègues.

Mention Très honorable avec félicitations du jury et proposition à large diffusion pour son mémoire de Master 2 « La langue des signes comme médium d’enseignement apprentissage des élèves sourds dans le contexte d’éducation inclusive », il est également le major de la promotion « Ampinga » dans le Parcours Ecole plurilinguisme pluriculturalisme : didactologie inclus dans la Mention éducation pluralité linguistique et culturelle.

C’est un jeune homme qui aime rire, qui fait rire aussi, mais là où on connaît Fidy Manantsoa le plus, c’est dans le journal télévisé de la TVM. C’est lui qui fait l’interprète au journal télévisé, pour les sourds. Il n’est pas sourd, mais il a toujours évolué dans cette communauté car il a un cousin sourd avec qui il a appris la langue de signes. La cérémonie officielle d’hier à Ankatso a sorti 25 étudiants dans sa promotion répartis en cinq parcours. Mais ils étaient 644 étudiants à recevoir leurs diplômes de licence, de Master ou de Capen de l’Ecole Normale supérieure. « Mon mémoire vise la mise en place d’un socle commun pour la prise en charge des sourds, en matière d’éducation. Que ce soit en curricula de formation pour les enseignants de sourds, mais aussi un référentiel commun en démarche didactique et pédagogique pour les enseignants déjà engagés dans cette voie » Selon lui, communicateur de formation ayant vécu de la première année à la 5e année au sein du DFIP à Ankatso « L’éducation est un capital pour les sourds, car à Madagascar il n’y a que peu de recherches sur l’éducation des sourds pour ne pas dire qu’il n’y en a presque pas ». En tant que précurseur, il ne compte pas s’arrêter là « Je suis ce que je suis grâce à beaucoup de gens et des formateurs et des enseignants depuis l’école privée Tsarahasina en passant par le CEG Ampefiloha, le Lycée Ampefiloha, le DIFP et l’ENS. Je travaille comme facilitateur de communication en Langue des signes (LS), interprète en LS et formateur en langue de signes chargé de cours à l’AKAMA ».

 170 000 sourds et peu d’études supérieures. Le monde des sourds est un monde incontournable pour lui. Il déplore la non-reconnaissance de la langue des signes en tant que langue officielle « c’est un vrai problème pour nous. En Nouvelle Zélande c’est une langue officielle, par exemple et on a droit à des interprètes en LS ». Or il faut savoir qu’à Madagascar, on compte à peu près 170 000 sourds selon l’OMS en 2007, soit dix ans passés ! « On manque d’infrastructures, de ressources humaines… ». Pour sa présence à la TVM, à lui de dire : « Nous sommes trois pour le faire, on a fait une formation à Tana avec la fédération des sourds à Madagascar et on est devenu des professionnels de la langue de signes »

Dans la vie de tous les jours, c’est un adepte d’Edgar Morin depuis 2012. « Je reste reconnaissant à la personne qui m’a offerte les six tomes de « La méthode » de ce philosophe et sociologue ». Ils sont deux dans la fratrie et son benjamin Tsoreba Malina est dans la formation technique.

Il adore la photographie. « J’ai déjà été publié dans un magazine en Corée en 2014, c’est une passion et  quelquefois une profession ». Il aime faire la cuisine et adore le plat de crevette au porc. Côté loisirs, ce sera les films « genre intrigue ». Une journée à la Fidy ? « C’est aléatoire, parfois 24 heures ne me suffisent pas, je dors trois heures et des moments, je m’offre 48 heures de sommeil d’une seule traite ! »

Notre futur chercheur adore le jazz, le rock avec Tselatra, Queen entre autres. « Je ne rate aucun de ses concert tout comme les rockers de Madajazzcar. » Mahaleo, Lolo sy ny tariny et Kelly Rajerison sont des incontournables pour lui. « Kelly est même devenu un ami. »

Il souhaite vivement devenir un enseignant-chercheur. « Dans l’allégorie de la caverne, tu as vécu dans une communauté et tu n’as pas le droit de l’ignorer une fois la recherche terminée ». Il pense que c’est faisable de concilier le monde universitaire et celui des sourds « à l’étranger, le “Deaf studies » est déjà une chose acquise ». C’est le genre de jeunes qu’il faut aider, car il n’y en a pas deux pour le moment à Madagascar avec ce diplôme et cette compétence.

Par Anny Andrianaivonirina

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