Depuis 2013, le retour à l’ordre constitutionnel a permis le retour de Madagascar dans le concert des nations. Il est donc clair que l’alternance du pouvoir ne se fera que grâce à des élections libres et démocratiques. Le jeu politique doit être ouvert et il ne peut donc y avoir d’exclusive. On s’aperçoit cependant que la tentation pour ceux qui sont au pouvoir de verrouiller les élections.
Le « ni….ni… » n’est plus de mise aujourd’hui
Les yeux de tous les Malgaches sont maintenant braqués sur les présidentielles de 2018. Dans les états majors politiques, on se prépare fiévreusement. Ceux qui sont au pouvoir entendent y rester et ce à plusieurs reprises. L’idée d’écarter les deux principaux challengers du président en exercice a été lancée par des personnalités de son camp. Mais les représentants de la communauté internationale ont rappelé, chaque fois leur point de vue : « Il n’est plus question d’écarter qui que ce soit lors des élections ». Bref, « le ni…ni… ne doit plus être de mise en 2018 ». Le régime, jusqu’à présent, a tout fait pour que ses adversaires soient totalement neutralisés. Les opposants qui se sont manifestés n’ont pas réussi à se faire entendre. Malgré le contexte social de plus en plus dégradé, les contestations n’ont pas pu s’exprimer, les manifestations étant interdites. Le pouvoir, malgré la montée du mécontentement, a campé sur ses positions. Les propos du président de la République lors d’un de ses voyages à l’étranger évoquant le respect de la souveraineté malgache ont prêté à équivoque. On pouvait penser au choix librement consenti du régime de diversifier ses partenaires économiques, mais on était aussi en droit de croire que le régime était maître d’agir comme bon lui semblait chez lui et qu’il n’avait pas à tenir compte des avis de la communauté internationale. Mais aujourd’hui plus qu’hier, il n’est plus possible d’empêcher l’expression démocratique de la population. Cette dernière a surgi spontanément le week-end dernier. La manière maladroite du pouvoir de l’empêcher a mis en lumière son impuissance. Il est de moins en moins possible à présent d’envisager de remettre le « ni…ni… » au goût du jour. Si le régime était tenté de le faire, les membres de la communauté internationale le leur rappellent. Comme ce fut le cas hier lors d’une rencontre des représentants des Nations unies avec les membres de la presse malgache.
Patrice RABE