Le malaise couvait depuis longtemps. La démission du ministre Gervais Rakotoarimanana n’a pas surpris les observateurs. Ces derniers se demandent même pourquoi elle n’est survenue que maintenant. Les divergences de vues qui existaient entre le premier argentier et l’équipe entourant le chef de l’Etat ne pouvaient qu’aboutir à ce divorce prononcé sans éclats de voix, mais lourd de signification.
Un grand argentier qui démissionne avec dignité
Le ministre des Finances Gervais Rakotoarimanana a haussé le ton à plusieurs reprises pour mettre fin à certains abus dans l’administration et dans les hautes sphères de l’Etat. Cette attitude a fortement incommodé dans un milieu où les accommodements étaient nombreux. Comme il ne pratiquait pas la langue de bois, il s’était fait beaucoup d’adversaires. Il a donc décidé de prendre les devants et a donc démissionné avant qu’on le « démissionne ». Aujourd’hui, ce départ pose de nombreuses questions, car on se demande comment se comportera son successeur à la tête de ce ministère d’une importance capitale. Pour le Grand argentier, c’est aujourd’hui un grand soulagement, car il ne va plus subir ces incessantes pressions auxquelles il était soumis. Il s’était opposé à de nombreuses fois à des personnes haut placées décidées à ne pas payer de taxes. Mais ses prises de position lui ont donc valu de nombreuses inimitiés. Il a dû parfois céder devant les pressions venant du sommet de l’Etat. Il ne pouvait donc exercer son rôle de Grand argentier comme il le voulait. Ses relations avec les bailleurs de fonds traditionnels étaient excellentes et c’est certainement grâce à lui que les appréciations de ces derniers ont été positives et ont permis les déblocages de crédits annoncés récemment. L’homme avait, dit-on, eu dans un premier temps l’intention de faire des révélations, puis il s’est ravisé. C’est avec beaucoup de dignité qu’il s’est adressé aux journalistes hier.
Patrice RABE