La campagne du second tour ne ressemblera pas à celle du premier tour des élections présidentielles. Aucun des deux candidats n’a profité des lendemains des résultats définitifs pour se lancer dans une précampagne. La campagne qui s’ouvre demain sera stratégique et tactique pour le Dr Jean Louis Robinson et Hery Rajaonarimampianina. Aucun des deux n’a l’intention de gaspiller ses fonds de campagne qui seront parcimonieusement gérés. Les styles resteront différents, en fonction des moyens matériels et humains. Mais les électeurs les jugeront surtout sur leur personnalité et leur discours. La victoire reviendra sur le terrain à celui qui convaincra le mieux pour mettre fin à la crise et à garantir un avenir meilleur.
Attaque et défense
Le contexte est à la dégradation de la situation. Durant ces dernières années, la majorité des Malgaches s’est énormément appauvrie. Le chômage et l’insécurité se sont aggravés et ont fait de nombreuses victimes. Les impacts de la hausse du coût de la vie sont durement ressentis partout. En particulier chez ceux qui n’ont pas de ressources. Pour toutes ces raisons auxquelles on doit ajouter les abus de pouvoir, la mauvaise gouvernance et les trafics en tout genre, les élections présidentielles sont considérées comme la porte de salut. Le taux de participation élevé au premier tour reflète cette conviction des électeurs. Le second tour ne devrait pas être différent bien que la présidentielle soit jumelée avec les législatives considérées comme complexes et sources de perturbations. Néanmoins, devant le bilan peu reluisant de ces années de Transition, le Dr Jean Louis Robinson a l’avantage d’être le candidat de l’opposition. Il ne ménagera pas le régime de Transition responsable aux yeux de la population de la dégradation de la situation. Hery Rajaonarimampianina, en revanche, n’a pas le beau rôle mais il doit se montrer à la hauteur de la tâche d’avocat qui l’attend. Il a certainement freiné techniquement la descente aux enfers des finances et de l’économie en Grand argentier du gouvernement de la Transition. Il aura cependant encore fort à faire pour défendre à la fois son programme de relance de l’homme nouveau et la révolution de 2009 et ses acquis malgré la crise. Il n’a que le terrain de la propagande pour rattraper son retard. Sinon, les deux candidats seront aussi jugés sur d’autres plans par le public. Dès aujourd’hui, ils seront devant le FFM pour rendre leur copie sur la réconciliation. Un dossier sensible mais déterminant qui permettra aux électeurs de se fixer sur les intentions de chaque candidat à l’élection présidentielle. Bref, vivement la campagne du second tour et les belles joutes d’attaque et de défense pour départager les deux principaux protagonistes de la crise à travers les candidats.
Zo Rakotoseheno