Une forte promiscuité dans les milieux carcéraux, une réalité communément constatée par les autorités pénitentiaires malgaches et la communauté internationale.
« La situation des détenus à Madagascar est très grave », dixit l’Ambassadeur de l’Union Européenne, Léonidas Tezapsidis, concernant le surnombre des détenus dans tous les établissements pénitentiaires à Madagascar. « Une situation difficile car le taux d’occupation est maintenant de 184 % », poursuit-il. En effet, selon le Secrétaire Général du ministère de la Justice, Jean Emile Andrianasolonjanahary, le nombre de ces détenus dans l’ensemble des établissements pénitentiaires du pays aurait presque doublé. « Si la capacité d’accueil totale de tous les établissements pénitentiaires à Madagascar en fin 2011 était de plus 10 000 détenus, à l’heure actuelle, il y en a 19 000 », confie-t-il. D’après les explications, ce pic aurait été également l’une des conséquences directes de la crise. Outre ce problème de manque de places dans les prisons, Léonidas Tezapsidis de rajouter que les conditions sanitaires et nutritionnelles sont difficilement respectées. D’ailleurs, le Secrétaire Général du Ministère de la Justice reconnaît la situation, en affirmant : « la situation est vraiment difficile surtout sur le plan nutritionnel ». Cela est confirmé par la réalité, mettant le manioc en vedette dans ces établissements pénitentiaires. Et l’Ambassadeur de l’U.E. de confier que l’une des raisons de cette grande difficulté de la situation carcérale à Madagascar serait que les budgets accordés aux autorités pénitentiaires auraient largement diminué, surtout durant la crise. Reste à vérifier !
Réinsertion. Face à tout cela, un projet sur le milieu carcéral a été lancé, visant en particulier les détenus mineurs à Madagascar. Un projet qui met en action « Handicap International » et l’Association française « Grandir Dignement » (deux Ong ayant l’habitude d’intervenir en milieu carcéral), financé à hauteur de un milliard d’Ariary par l’Union Européenne. Intitulé: « Quartier d’avenir : de la détention à la réinsertion – phase 2 ». Sa durée étant de un an. Celui-ci entre effectivement dans le cadre de l’Instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme (IEDDH), et a comme objectifs de faire collaborer l’Administration Pénitentiaire et les organisations de la société civile à Madagascar pour l’amélioration des conditions d’incarcération dans le respect de la réforme du système judiciaire et des instruments internationaux en vigueur. Sa présentation s’est tenue hier, à l’hôtel Grand Méllis Analakely, en présence de l’Ambassadeur de l’Union Européenne, Léonidas Tezapsidis et du Secrétaire Général du Ministère de la justice, Jean Emile Andrianasolonjanahary, et tout son staff, ainsi que tous les participants nationaux et étrangers.
Arnaud R.