L’Afrique politique voit-elle l’éclaircie se pointer à l’horizon ? Trop habitués à vivre de coups d’Etat suivis de règnes sans partage et sans fins prévisibles de despotes voilà que, pour les électeurs du Kenya et peut-être aussi ceux du continent, apparaît un rayon de lumière. Pour une fois le soleil se lève à l’Est du continent. Le Kenya, cette terre de rivalités ethniques, de troubles postélectorales a fait naître l’espoir du fondement de la démocratie, la règle de la possibilité d’alternance au pouvoir. Uhuru Kenyatta, le président sortant a été pourtant donné gagnant par la communauté internationale mais son challenger Raila Odinga, qui dit de s’être fait volé la victoire, comme pour les deux précédentes élections présidentielles, ne s’avouait pas vaincu et même avait hésité longtemps avant de recourir à la cour suprême, la plus haute instance juridique du pays. Mais bien lui en a pris puisqu’ô surprise. Cette ultime juridiction a déclaré que les irrégularités observées ont entaché l’intégralité du scrutin et rendent nul et non avenu le résultat et donc ordonne de nouvelle tenue d’une élection dans les 60 jours. Miracle mon ami ! Comme clamait le prédicateur d’une certaine église sur les ondes malgaches il y a quelques années.
Et tout naturellement, on ne peut que rapporter l’évènement à notre avenir politique et nous demander ce qu’il en sera dans exactement 16 mois au plus tard. Pour l’instant, seuls deux des prétendants déclarés occupent les devants de la scène. Un Mano a Mano, un marquage à la culotte dans tous les compartiments du jeu s’observe. Seuls apparaissent en mode zoom et en boucle les deux candidats, mais curieusement pas de leur vision directrice, ni de leur projet de société à brandir et encore moins de leur programme de gouvernement à soumettre à l’électorat. Un tel mode opératoire n’est pas de chez nous. L’on se contente, pour l’instant, de la recherche de financement pour la campagne avec les tractations secrètes et le mode de compensation des mises avec d’éventuels bailleurs de fonds et c’est tout. Pour ce qui est à appliquer après dans le pays, on verra bien une fois les résultats acquis. Pour la propagande proprement dite, on se bornera à des généreuses promesses face aux demandes du moment et seuls les artistes, les tee-shirts et de la menu- monnaie seront vraiment palpables. Et l’on s’étonne que le pilotage à vue soit le mode de gouvernement dans le pays et que les bailleurs traditionnels, partenaires techniques et financiers (PTF) , qui, devant ce vide « idéologique » ne soient pas sollicités pour nous diriger. En règle politique, un nouveau mandat signifie un tournant, un sursaut, un nouvel élan dans la conduite du pays et de nouvelles réponses aux questions brûlantes de l’électorat et ne pas les proposer conduit à un vrai-faux ou faux-vrai miracle, c’est selon pour le vainqueur ou le vaincu, ne sera pas ou non au rendez-vous.
M.Ranarivao