Le Syndicat des Magistrats de Madagascar (SMM) a, de nouveau, brisé le silence en décidant d’aborder le sujet prisé du moment : la révision constitutionnelle en gestation. Dans un communiqué en date du 19 septembre, le SMM met les points sur les « i ». Au préalable, il s’interroge sur « ce soudain empressement », pour reprendre ses termes, du régime à vouloir amender la Constitution à un an des présidentielles. « Qu’a-t-on fait durant ces trois ans ? Les juristes de la Présidence n’ont-ils pas lu et vu ce qui cloche ? », se demandent les magistrats.
Dispositions électorales. La Constitution actuelle, qui a été adoptée durant la période transitoire, a fait et fait l’objet de critiques acerbes de la part des politiciens et des juristes, compte tenu de ses caractères imprécis et ambigu. Mais durant tout ce temps, et avec les débats autour des fameux articles 54 et 72, par exemple, le régime Rajaonarimampianina n’a pas pu réaliser à quel point il fallait les amender. Pire ! A un an avant les prochaines présidentielles, il ne veut toucher que des dispositions relatives aux élections en voulant garder les autres qui font polémique. « La révision en soit n’est pas illégale mais ce qui intrigue, c’est que seuls quelques articles concernant les élections du PRM seront touchés », continue le SMM. Toujours dans ce cadre, ce dernier ne voit aucun problème par rapport à l’article 47 de la loi fondamentale quand on le lit sous un angle économique « du moment que le gouvernement octroie les moyens nécessaires pour l’acheminement des résultats en provenance des milliers de bureau de votes sur tout le territoire ». Pour le SMM, il suffit d’« utiliser l’argent public à bon escient pour le bien du peuple malagasy de pouvoir connaitre en un temps aussi court que possible les résultats provisoires et définitifs des premier et 2e tour ».
Indépendance de la Justice. Les magistrats font preuve d’indignations par rapport à cette attitude du régime qui serait égocentrique voire guidée par des calculs politiques. « Quid de l’indépendance de la Justice que le SMM a décrié durant des mois et mis à mal par les deux pouvoirs ? », dénonce-t-il. Sur les réseaux sociaux, Fanirisoa Ernaivo, présidente du SMM, a fait allusion à « l’effectivité de l’indépendance de la Justice ainsi que le Conseil Supérieur de la Magistrature ». En effet, les débats relatifs au CSM ne sont toujours pas clos et nonobstant les revendications des magistrats à ce que le chef de l’Etat ne soit plus le président de cet organe institutionnel, rien n’a changé jusqu’à maintenant. « Nous pensons que si cette révision devrait avoir lieu, il est indispensable de modifier les articles concernant l’appareil judiciaire à Madagascar », lit-on toujours dans ce communiqué.
Aina Bovel