Le Forum des Idées de Gauche organise demain une conférence-débat portant sur le thème : « Instrumentalisation de la religion dans la vie politique : légitimation et maintien du pouvoir ». Ce sera à l’hôtel Le Pavé Antaninarenina à partir de 16h30.
Un sujet qui intéresse plus d’un, un sujet d’actu. L’article 2, alinéa 2 de la Constitution actuelle prévoit noir sur blanc que « La laïcité de la République repose sur le principe de la séparation des affaires de l’Etat et des institutions religieuses et de leurs représentants ». Néanmoins, dans les différentes crises successives qui ont plongé le pays dans un profond marasme économique, l’Eglise – la FFKM (Confédération des Eglises Chrétiennes à Madagascar) – a toujours marqué une vive présence, voire une omniprésence dans leur résolution. Par ailleurs, nous n’ignorons pas que Marc Ravalomanana, quand il était au pouvoir, était également le vice-président de l’Eglise Protestante Réformée.
Réserve de voix. « La religion est l’opium du peuple », affirmait un certain Karl Marx. A Madagascar, force est de reconnaître que cet adage y trouve son fondement. En effet, imbriquer la religion et le politique est devenu la meilleure stratégie pour « acheter » des voix. Il y a même un chef d’église qui a déclaré d’urbi et d’orbi qu’il sera candidat aux prochaines présidentielles. Un chef d’Eglise, ses fidèles qui sont synonymes de « premiers votants » également. Toujours dans cette même optique, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina ne cessent d’impressionner les fidèles protestants, loin d’être anodins en terme numérique. Ce fut le cas lors de la célébration du 50e anniversaire de la FJKM à Antsiranana, ou du passage successif des deux hommes protestants à Ankaramalaza.
Vide juridique. La laïcité de l’Etat est, certes, mentionnée dans la Constitution malgache, mais aucun texte qui lui est propre n’est en vigueur. Encore faut-il appliquer la loi française du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Par ailleurs, les conditions exhaustives pour les aspirants au poste de président de la République ne comportent aucune mention selon laquelle les religieux ou les hommes d’Eglises ne peuvent pas se porter candidat à la présidentielle. Néanmoins, pour justifier l’alinéa 3 du même article 2 de la Constitution, la candidature des hommes d’Eglises risque d’être irrecevable le cas échéant. En effet, cet alinéa dispose qu’ « aucun Chef d’Institution ni membre de Gouvernement ne peuvent faire partie des instances dirigeantes d’une Institution religieuse, sous peine d’être déchu par la Haute Cour Constitutionnelle ou d’être démis d’office de son mandat ou de sa fonction » tout en sachant que la Présidence de la République elle-même est la première institution de la République.
Séparation stricte. Pour le forum des idées de Gauche, « il faut une séparation stricte en affaires politiques et affaires religieuses ou du moins limiter au maximum leur immixtion respective ». D’après les explications que nous avons reçues, les activistes de gauche vont faire ressortir les limites de la relation entre la religion et l’Etat en attendant que les citoyens soient « responsabilisés dans le choix de leurs dirigeants ; choix basé sur leurs aptitudes et compétences ainsi que leurs idéologies ».
Aina Bovel