C’est un régime sûr de lui et conscient de son pouvoir qui a démontré cette semaine son habileté manœuvrière. Après avoir compris la difficulté d’imposer un projet de révision de la Constitution, il a changé de stratégie et a décidé de mettre un de ses hommes forts à la présidence du Sénat. L’opération s’est faite sans aucune difficulté suivant un scénario écrit d’avance. Celui qui avait été considéré comme un fidèle du chef de l’Etat a été obligé de céder la place. Malgré ses dénégations, Honoré Rakotomanana a bel et bien été poussé vers la sortie et il a fait tant bien que mal bonne figure lors du passage de flambeau à Rivo Rakotovao, son successeur. Les observateurs n’ont donc fait que prendre acte de l’événement. C’est un sénat majoritairement favorable au régime qui est en place et dont le président va jouer un rôle majeur avant l’élection présidentielle de 2018. Le parti HVM a donc réussi à surmonter les obstacles qui semblaient insurmontables auparavant. Il a levé l’hypothèque d’un président par intérim peu fiable après la démission du chef de l’Etat devenu candidat. L’horizon politique s’est donc éclairci pour le régime et il peut préparer en toute quiétude son plan de campane électoral. Il doit maintenant montrer son efficacité dans la lutte contre la peste. Certes, tout le monde reconnaît que les efforts ont porté leurs fruits et que la progression de l’épidémie a été stoppée, mais il est nécessaire de rester vigilant. Les fonds qui vont être débloqués par les organismes internationaux et qui s’élèvent à plusieurs millions de dollars doivent être utilisés à bon escient. L’opinion publique va certainement suivre de très près leur gestion. Après le Sénat, c’est l’Assemblée nationale qui fait parler d’elle. De cette dernière part le bruit d’une rumeur de dépôt de censure à l’encontre du Premier ministre. Pour le moment, elle n’a pas de véritable fondement, mais elle réapparaît à chaque fois pour d’obscures raisons.
Sur le plan international, les sujets brûlants ne manquent pas. La défaite de DAESH en Irak et en Syrie semble effective, mais cela ne signifie pas que l’organisation terroriste est détruite. Elle a encore de nombreuses ramifications dans le monde. Le terrorisme est toujours bien présent et il peut frapper partout. Il s’est manifesté à New York à travers cet attentat perpétré par un Ouzbek résidant aux Etats-Unis qui a foncé avec sa camionnette sur des cyclistes. Le bilan est lourd : huit morts et douze blessés. Il est survenu alors que le procès de l’affaire Merah se déroulait à Paris. Les audiences ont été suivies avec beaucoup d’intérêt par l’opinion française. Le verdict prononcé à son issue, 20 ans de réclusion criminelle pour le frère de Mohamed Merah a provoqué une certaine amertume chez les proches des victimes.
Un attentat imprévisible à New York. Il ne faisait pas partie de cette catégorie de personnes susceptible de commettre des attentats puisqu’il était entré légalement aux Etats-Unis et avait cette fameuse carte verte. L’Ouzbek de 29 ans qui a foncé sur les cyclistes de New York n’avait pas le profil des terroristes habituels. Il avait une vie de famille normale et n’aurait jamais pu être soupçonné. Les propos qu’il a tenus après son arrestation montrent qu’il est un islamiste pur et dur et qu’il affirme son allégeance à DAESH. Donald Trump a été égal à lui-même, en multipliant les « tweets ». Il a notamment réclamé la peine de mort pour le terroriste et la révision de la loterie organisée pour les candidats à l’immigration aux Etats –Unis.
Le régime a mis en place un des rouages essentiels de la machine électorale qui devrait permettre la réélection du président actuel. Il l’a fait sans hésiter en plaçant l’un de ses hommes de confiance à la tête du Sénat. Il l’a fait sans s’embarrasser de précautions juridiques, écartant sans ménagement le juriste Honoré Rakotomanana. C’est un pouvoir sûr de lui et dominateur qui assure être garant d’une véritable stabilité politique.
Patrice RABE