C’est un chef d’Etat fort de tout le poids conféré par son statut de père de l’indépendance de son pays qui s’est dressé contre les militaires lui demandant de quitter le pouvoir. Alors que tous les médias avaient annoncé que son éviction était effective, Robert Mugabe a affirmé avec force qu’il est le chef de l’Etat et qu’il le reste.
Robert Mugabe : « J’y suis, mais je ne peux plus rester ! »
Il n’a pas été chassé du pouvoir par la rue. Il n’y a pas eu de manifestations ayant été réprimées dans le sang. C’est donc par la persuasion que les instigateurs de son éviction ont voulu le forcer à partir, mais le vieux président n’a pas cédé. La conspiration qui a été ourdie par l’ancien premier ministre et les militaires a été préparée depuis bientôt un an et elle a abouti à cette mise en résidence surveillée du vieux chef d’Etat. Ce dernier était, malgré son attitude dictatoriale, respecté par la population, mais c’est la conduite de son épouse, Grace, qui a fortement indisposé la classe politique de son pays. C’est elle et ses proches qui détenaient réellement le pouvoir et les instigateurs de ce coup d’Etat ne disant pas son nom ont voulu les pousser vers la sortie. Une forte délégation sud-africaine a été dépêchée à Harare pour essayer de désamorcer la crise, mais le président n’a rien voulu savoir et n’a pas signé la démission qu’on lui présentait. On l’a même vu sortir en souriant de la maison où il était en résidence surveillée. Certains observateurs estiment qu’il est en train de négocier au prix fort son départ. La pression exercée sur ce dernier est cependant de plus en plus forte. Le président Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire estime « qu’il a été l’objet de respect et même d’adulation de beaucoup d’Africains, mais le monde a changé….Il est temps qu’il cède son fauteuil à une nouvelle génération ». La main est donc en train de passer et Robert Mugabe va devoir céder. On parle déjà d’un exil en Namibie qui a accepté de l’accueillir. Il ne peut que dire : « J’y suis, mais je ne peux plus rester ! »
Patrice RABE