Robert Mugabe est assigné à résidence par l’armée et c’est sûrement le début de la fin pour cet homme de 93 ans à la tête de son pays depuis 1980. Mais « Bob » se rebiffe et refuse de démissionner mettant dans l’embarras la classe politique nationale et celle internationale qui se gardent d’être tenues responsables d’une situation extra constitutionnelle. En vieux loup de la politique, il en est conscient et entend entamer le chant du cygne comme un dernier acte de bravoure avant de disparaître. Il faut dire que même très diminué par la maladie, déloger du pouvoir facilement ce « héros » est mal le connaître. Farouche partisan du « Un homme, une voix », il est considéré comme le vrai père de l’indépendance du Zimbabwe appelé auparavant Rhodésie du Sud .Il a fini par l’obtenir non sans violence contre le pouvoir « non reconnu » de Yan Smith (un blanc né en Afrique) et non sans d’âpres négociations avec les USA, les Nations unies et le gouvernement britannique, sans compter les compromissions de certains leaders de la région qu’il a su éviter. Cet homme instruit et dont le nationalisme n’est plus à prouver est devenu le vrai président en 1987. Il faut dire qu’il a joui de réelles sympathies en Afrique, du moins au début, de par ses convictions politiques, mais aussi parce que ses propos n’étaient pas trop outranciers à l’encontre de la minorité blanche détentrice du pouvoir économique. Tous les observateurs voyaient alors en la Zimbabwe de Mugabe l’exemple d’une transition politique pacifique et florissante pour le continent.
Cependant, l’exercice du pouvoir sans limite a valu des déboires à son peuple, l’intransigeance de ses vétérans (anciens compagnons de lutte), la corruption de ses proches et surtout son âge ont eu raison de son image. Il a dû savoir que : « Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument » selon Lord Acton, historien et philosophe anglais du XIXe siècle et cette leçon vaut pour tout dirigeant. Et pourtant, les dernières informations semblent dessiner que la Zimbabwe nouvelle sera comme l’ancienne avec l’omniprésence de gérontocrates et de l’armée. Où a-t-on vu des militaires rentrer sagement dans les casernes après avoir remis les pouvoirs à des « civils » élus démocratiquement. Qui a goûté au pouvoir s’en lasse rarement et ce sera du Mugabe sans Mugabe !
M.Ranarivao