Dans une démocratie, le passage des membres de l’exécutif à l’Assemblée est toujours un événement important. Ce rendez-vous est l’occasion pour les députés de demander des comptes au gouvernement et d’interpeller ce dernier sur tous les manquements de son action constatés au cours de ces derniers mois. Ce face-à- face n’a malheureusement pas tenu ses promesses et les interventions des parlementaires ayant demandé la parole furent bien ternes. Retransmis par la télévision nationale, il n’a certainement retenu que très peu de téléspectateurs devant leur petit écran.
Un face-à-face peu convaincant
Ce premier face-à-face députés-gouvernement a certainement permis de voir la contribution de ce parlement dans le débat démocratique nécessaire à la nation. De débat, il y en a eu très peu. On peut compter sur les doigts d’une seule main les interpellations faites sur des questions jugées cruciales dans la vie du pays. Les interventions furent axées soit sur des problèmes propres aux circonscriptions des orateurs soit s’apparentèrent à des louanges de l’action gouvernementale. Ce fut une succession de demandes intéressant très peu l’ensemble des téléspectateurs et faites d’une voix monocorde. Les courageux ayant tenté de s’intéresser à ce face-à- face ont très vite lâché prise et ont éteint leur poste. On ne peut que regretter que notre démocratie soit à l’image de cette séance de questions posées sur un ton complaisant par des députés très respectueux et même parfois obséquieux. La comparaison avec les débats enflammés qui ont lieu dans les parlements des autres pays est peut-être déplacée, mais on comprend la raison du marasme qui empêche la Grande île d’évoluer positivement. Le régime n’a en face de lui aucun contradicteur qui peut le pousser dans ses retranchements et le forcer à rectifier sa vision du développement. On pressent déjà ce que sera la suite de cette session de l’Assemblée nationale. Les projets de loi qui seront présentés ne devraient pas donner lieu à des débats enflammés et devraient être votés sans problème. On a envie de dire ironiquement : un parlement croupion, dîtes-vous ?
Patrice RABE