Madagascar a plus que jamais besoin d’une stabilité politique continue afin d’espérer gagner la bataille contre la pauvreté dans les années qui viennent.
La grande majorité des Malgaches continuent de vivre dans la pauvreté absolue. Mais une lueur d’espoir se profile avec ce retour progressif à la croissance que constate la Banque mondiale dans sa dernière note de conjoncture économique.
Encourageant. Malgré les chocs climatiques, la croissance devrait progresser, constate d’emblée la Banque mondiale. Un constat probablement encourageant pour le régime actuel qui semble pouvoir maintenir cette croissance annoncée depuis le retour à l’ordre constitutionnel en 2014. « Une fois encore, Madagascar a démontré son extraordinaire capacité de réaction face aux catastrophes. Cette septième note de conjoncture économique de Madagascar montre que, malgré deux chocs climatiques en début d’année, l’économie devrait progresser au rythme de 4,1 % en 2017, confirmant la tendance positive observée l’an dernier », souligne Coralie Gevers, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar. Une croissance tirée essentiellement du secteur tertiaire. Notamment, un regain d’activité dans la construction, le commerce et les transports. Et le meilleur est encore à venir puisque les investissements annoncés pendant la conférence des bailleurs et des investisseurs à Paris vont se concrétiser pour soutenir les activités de constructions. Les industries manufacturières devraient par ailleurs progresser grâce à la solidité de la demande de textiles malgaches et un rebond des activités de transformation des produits agricoles, notamment le sucre. La reprise est également annoncée dans les industries extractives qui vont progresser de 9,5 %, en raison d’un léger redressement des cours internationaux du nickel. Par contre, l’agriculture a été pénalisée par les deux grandes catastrophes naturelles survenues en début d’année.
Une décennie de croissance. Cette croissance prometteuse devrait se maintenir sur le moyen terme avec une prévision de 5,1% du PIB en 2018 et s’établir à un niveau moyen de 5,3% sur la période 2019-2022. Elle sera stimulée par l’intensification des activités de travaux publics et le tourisme. Par ailleurs, grâce aux investissements énergétiques privés et si les réformes de gouvernance de la Jirama réussissent, le sous secteur de l’énergie devrait également progresser à un rythme moyen de 10,5%. Bref, la croissance est de retour au niveau national. Mais ses impacts au niveau individuel ne sont pas encore ressentis. Sur ce point, Coralie Gevers d’expliquer que ce ne sont pas les deux années de croissance à 4% qui suffiront pour éradiquer la pauvreté. « La pauvreté est extrêmement aigue à Madagascar qu’il faudrait au moins une décennie de croissance à plus de 4% et une croissance inclusive pour pouvoir renverser la tendance ». Une croissance qui ne devrait également pas être troublée par une nouvelle crise politique. D’où, selon toujours, Coralies Gevers, l’importance des élections bien organisées. Bref, la balle est dans le camp des dirigeants, mais aussi des politiciens qui devraient s’entendre pour une élection présidentielle bien organisée en 2018.
Car pour le moment, le pays est plutôt bien géré au niveau institutionnel. La Banque mondiale souligne dans sa note de conjoncture que depuis le retour à l’ordre constitutionnel en 2014, la qualité de l’environnement politique et institutionnel de Madagascar s’améliore progressivement, en particulier sur le plan de la protection sociale et de la gestion budgétaire. La notation CPIA du pays est passée de 3,0 en 2013, lorsque les performances du pays étaient au plus bas, à 3,2 en 2016. La poursuite de l’amélioration de l’environnement institutionnel est vitale face aux défis et opportunités à venir. Le bon fonctionnement des institutions est indispensable pour garantir une utilisation judicieuse des ressources.
R.Edmond.