
Les tenants du pouvoir commencent à prévenir que la prochaine élection présidentielle ne sera pas inclusive comme le préconise la communauté internationale.
La mission d’évaluation et de consultation de trois jours que l’émissaire de l’Union africaine Ramtane Lamamra vient d ‘effectuer à Madagascar n’a pas été appréciée par les tenants du pouvoir. Ce mépris à l’égard de ce diplomate algérien qui connaît bien le pays n’a pas été encore constaté à son arrivée lorsque Ramamtane Lamamra s’est rendu à Anosikely chez le président du Sénat, non moins président national du HVM Rivo Rakotovao, ou à Anosy chez le ministre des Affaires Etrangères, non moins secrétaire général du parti au pouvoir Henry Rabary-Njaka. Mais, les attaques, via la presse, ont été lancées à l’encontre de l’émissaire de l’Union africaine quand celui-ci a fait le déplacement à Faravohitra pour rencontrer l’ancien président Marc Ravalomanana. « J’ai appris beaucoup de choses du président Marc Ravalomanana. » Cette déclaration faite par Ramtane Lamamra à l’issue de son entretien avec le président national du TIM a fait monter le degré de la haine dans le camp du régime HVM. Pour certains tenants du pouvoir, Ramtane Lamamra qui a également rencontré de nombreux dirigeants politiques malgaches durant son séjour a été manipulé par l’ancien président Marc Ravalomanana qui s’est récemment entretenu à Paris avec le président guinéen Alpha Condé, président en exercice de l’Union africaine. Cette rencontre Ravalomanana-Condé s’est déroulée en marge d’une visite d’Etat du président guinéen sur le sol français.
Principe de subsidiarité. Pour le régime en place, la mission de l’émissaire de l’Union africaine n’a pas favorisé la stabilité politique pré-électorale dans le pays. Or, officiellement, c’était une simple mission d’évaluation de la situation pré-électorale à Madagascar. Et si l’Union africaine a choisi ce diplomate algérien, c’est parce qu’il connaît bien Madagascar à l’instar du mozambicain Joaquim Chissano, du Gabonais Jean Ping ou du Sud-Africain Marius Fransman. Ramtane Lamamra connaît bien également les acteurs politiques malgaches. En 2013 et au nom du principe de subsidiarité, la communauté internationale a notamment agi à travers l’Union africaine pour l’organisation d’une élection présidentielle de sortie de crise. Le « Ni…Ni… » a été imposé, car pour la communauté internationale, la candidature de Andry Rajoelina, de Marc Ravalomanana et de Didier Ratsiraka n’a pas été jugée favorable à une sortie de crise apaisée. Le diplomate Ramtane Lamamra a été parmi les artisans de ce « Ni… ni… » qui a permis au candidat de substitution Hery Rajaonarimampianina d’accéder au pouvoir. Quatre ans après, Ramtane Lamamra revient à Madagascar. Il a découvert dans le pays un nouveau contexte politique qui ne permet plus l’application de la formule « Ni…ni… ». Les tenants du pouvoir reprochent à l’émissaire de l’Union africaine de dénaturer la réalité alors que ces mêmes dirigeants HVM affirment que la mission de Ramtane Lamamra n’a pas eu sa raison d’être étant donné que Madagascar n’est plus un pays en crise.
R. Eugène